Messe de la sainte Geneviève
avec les gendarmes

La messe de la Sainte Geneviève a été célébrée le 24 novembre 2022 à l’église d’Auvers-sur-Oise avec les gendarmes du Val-d’Oise. Lire l’homélie de Mgr Stanislas Lalanne.

Homélie de Stanislas Lalanne 
pour la Sainte Geneviève
jeudi 24 novembre 2022

Eglise d’Auvers-sur-Oise

Chers amis, sainte Geneviève vous a été donnée comme sainte patronne par le pape Jean XXIII, en 1962. 

Geneviève, au Ve siècle, vit à une époque troublée par les invasions barbares. L’empire romain, avec ses institutions magnifiques, en particulier son sens du droit dont nous avons hérité, s’effondre. Les institutions politiques, économiques, sociales se disloquent. L’insécurité, le découragement et même l’anarchie sont omni-présents. Et Paris se trouve alors assiégé par les troupes d’Attila. Au milieu d’une telle débâcle, Geneviève, simple femme qui s’est donnée à Dieu dès son plus jeune âge et que rien ne prédestinait à un tel destin, se dresse pour apporter réconfort et soutien.

Elle enjoint aux Parisiens de rester dans la ville et de se défendre, résistant ainsi à ceux qui paniquent et qui veulent fuir la ville. Grâce à sa persuasion, Paris sera sauvé. Plus tard, alors que Paris est à nouveau assiégé par les Francs, elle organisera pendant cinq ans, grâce à des expéditions fluviales allant jusqu’à Troyes, le ravitaillement de la ville affamée. Sa prière, son autorité, son calme, sa sagesse et sa compassion apportent paix, sécurité et ravivent les énergies.

Cet esprit de service et d’initiative, l’autorité et le courage dont Geneviève a fait preuve, ne peuvent que vous la rendre proche. Ses qualités sont et doivent être les vôtres. Car vous avez la mission délicate de protéger les personnes et les biens, de faire respecter le droit, d’encourager la paix dans une société : aux prises avec tant de désarrois, de perte de repères et du sens des valeurs, de découragement même devant un avenir perçu comme très incertain.

Dans notre département du Val-d’Oise, vous rencontrez chaque jour la misère humaine, qu’elle soit physique, morale ou psychique.

Pour répondre à votre mission difficile et délicate, il vous faut fidélité, patience, compétence professionnelle, engagement, courage, sens du bien commun. Il vous faut aussi cet esprit de corps qui vous relie les uns aux autres.

Pour accepter les inerties, les incertitudes, les critiques, le regard parfois ironique ou hostile de certains de nos concitoyens, il vous faut un véritable amour de notre pays, mais aussi des hommes et des femmes en général. Une véritable vocation !

Pour vivre votre métier, il vous faut le respect de vous-mêmes et des autres. Il vous faut donc grandir sans cesse en humanité, sans laquelle il est impossible de mener à bien votre mission.

Mais, par-delà ces qualités humaines, ce que vous défendez vient, pour nous chrétiens, de plus loin que la seule loi de notre pays. Nous croyons que le droit, le bien et la vérité sur l’homme nous viennent de Dieu. Et que l’homme ne peut les changer à sa guise, car ils nous viennent de la manière même dont Dieu nous a créés.

Nous croyons que la paix et le bonheur auxquels nous aspirons tous, parce que nous sommes tous faits pour la paix et le bonheur, nous ne les trouverons en plénitude qu’en Dieu lui-même. Nous voulons non seulement demander au Seigneur qu’il vous donne la force et les vertus nécessaires pour accomplir votre métier à risque. Nous voulons non seulement mettre sous son regard vos activités, vos difficultés et vos joies. Nous voulons retrouver surtout le sens de votre mission. Cette paix que vous défendez, nous la demandons à chaque messe, juste avant la communion. Nous le ferons encore ce matin.

La paix est une aspiration légitime de toute personne. Mais la paix que le Christ promet, et qu’il donne effectivement, n’est pas la simple régulation sociale de la violence. Pour nous chrétiens, elle ne se met en place qu’en vivant sous le regard de Dieu, en qui s’apaisent toute récrimination contre les autres et tout ressentiment contre soi-même.

Nous savons bien qu’il n’est au pouvoir d’aucune force en ce monde d’apporter une telle paix qui dépasse de loin l’ordre et la sécurité. Il est certes du devoir des responsables de la sécurité publique, des forces de gendarmerie et de police, de mettre en œuvre les moyens nécessaires à la sauvegarde de la paix. Mais en même temps, cette sécurité n’est que le premier degré de la véritable paix. Et la paix entre les citoyens ne peut se réduire à ce premier degré. Elle nourrit une ambition plus haute, celle que Dieu lui-même veut pour nous. 

Ceux qui sont croyants parmi nous savent que nous pouvons tous œuvrer à cette paix véritable. Mais ils savent aussi que sans le Seigneur, cela est impossible, et que nous avons à le lui demander. 

Permettez-moi enfin de vous partager une conviction profonde. Sans doute nous n’avons pas à attendre le ciel sur la terre ! Mais la générosité des hommes et des femmes qui s’engagent sincèrement dans un service désintéressé de leurs concitoyens, comme votre métier vous pousse à le faire, peut changer beaucoup de choses. Il n’y a pas de fraternité sans liberté et sans égalité, et donc sans un droit à respecter. Les chrétiens reconnaissent que l’Esprit du Christ, habite tout effort des hommes pour construire un monde meilleur. Et, pour une part, c’est votre métier. 

Alors, pour ceux qui sont croyants parmi vous, n’ayez pas peur de prier Dieu pour votre mission, de le prier pour vous-mêmes, vos compagnons d’armes, ceux que vous avez à protéger, mais aussi ceux que vous avez à poursuivre. N’ayez pas peur de reconnaître en Dieu la source profonde, cachée, mystérieuse, mais réelle, du Bien et du Droit que vous avez mission de protéger.

Et pour ceux qui ne partagent pas notre foi, permettez que nous priions pour vous et en votre nom. En priant avec sainte Geneviève, accueillons le don de la paix que nous fait le Seigneur.

Qu’il renouvelle nos forces et qu’il nous donne de nous engager encore mieux dans le service des autres. Amen.

25 novembre 2022
Photos : Jean-Michel Ferhenbach

 

PRIÈrE DU GENDARME

Dieu d’Amour, de Justice et de Paix, entends la prière que j’élève vers toi : je suis gendarme, et je veux être chrétien.

Il me faut être fort, aide-moi à rester juste et paisible dans l’accomplissement de mes missions. Je dois être vigilant face aux hommes qui peuvent devenir malfaiteurs, violents, criminels.

Donne-moi la sagesse nécessaire pour garder la maîtrise de ma force à l’encontre du péché et du mal, tout en discernant en chacun la présence de ton image.

Et si je dois armer mon bras pour faire respecter la loi, garde mon âme dans la sérénité Seigneur. Car c’est mon devoir, d’assurer la Paix, l’ordre et la sécurité, de sauver des vies menacées, celles des autres ou la mienne.

Ouvre alors, Seigneur, les esprits et les cœurs à la compréhension de mon service exigeant, ceux de mon conjoint et de mes enfants, ceux de mes amis et de mes compatriotes, ceux même de mes adversaires.

Et s’il me faut aller jusqu’au sacrifice de ma fierté, de mon bien-être, de ma vie, donne-moi une confiance profonde en toi Seigneur.

Par l’intercession de Sainte Geneviève, ô Dieu, trois fois Saint je t’en supplie : soutiens mon service, ranime mon courage et fortifie ma foi.

Amen

Source : Diocèse aux armées


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