Messe avec les sans-abris
et pour les morts de la rue

Une messe avec les sans-abris et pour les morts de la rue a été célébrée le dimanche 9 octobre 2022 à l’église Notre-Dame de Pontoise. Lire l’homélie de Mgr Stanislas Lalanne.

Homélie de Stanislas Lalanne 
lors de la messe pour les gens de la rue 
Eglise Notre-Dame de Pontoise 
dimanche 9 octobre 2022

Aux confins de la Galilée et de la Samarie, quelques hommes, le corps rongé par la lèpre, viennent à la rencontre de Celui qui seul peut les guérir : Jésus.

Les dix lépreux croisés par Jésus à l’entrée d’un village n’ont pas le droit d’habiter avec les autres. Ils se voient interdire tout contact avec quiconque pour éviter la transmission de la maladie. La lèpre est aussi considérée comme un châtiment divin à cause du péché et une impureté que guérirait le Messie. De plus, Jésus croise ces dix lépreux dans un territoire étranger.

Selon l’enseignement de la Bible, ces dix lépreux représentent l’ensemble de l’humanité malade du péché et de toutes sortes de maux. Les dix lépreux maintenus à l’écart de la communauté religieuse et de la société vont à la rencontre de Jésus. Il les attire par sa renommée, par sa personne. Ils se tiennent à distance. Ils n’osent plus avancer à cause de la maladie qui ronge leur corps et leur âme. Mais ils ont confiance. Du bord du chemin ils crient leur souffrance : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! »

Et que fait Jésus ? Aucun geste spectaculaire. Il ne les guérit pas tout de suite par un miracle éclatant soudainement. Il les renvoie aux prêtres, au Temple afin d’offrir le sacrifice prescrit pour le péché. Jésus n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. 

Ainsi, tout le monde pourra constater que Jésus est bien le Messie qui guérit l’humanité de la lèpre du péché, du non-amour, des ruptures de relation avec Dieu, avec les autres, avec l’environnement naturel. La guérison n’est pas encore visible, mais la réponse de Jésus suffit pourtant aux dix hommes qui se mettent en route pour accomplir les rites de purification prescrits par la Loi. Et le miracle se produit car les lépreux mettent en pratique la parole du Christ. Ils ont confiance en lui. Ils se remettent en marche dans une autre direction. Leur vie retrouve sens. Ils ont la foi des hommes de bonne volonté qui souffrent, qui ne savent pas trop, qui sont rejetés, qui sont exclus mais qui aspirent à une reconnaissance et à une réintégration dans la communauté.

En cours de route, ces lépreux sont purifiés. C’est alors que l’un d’entre eux, un étranger, un Samaritain, revient sur ses pas. La rencontre avec Jésus l’a touché au plus profond de lui-même : lui seul reconnaît la main qui l’a guéri. Comment ne pas revenir vers celui qui vous a arraché à la mort ? Comment ne pas laisser monter de son cœur un chant de gratitude et d’allégresse ? Et ses lèvres entonnent un chant tout vibrant d’action de grâce. Car, ce jour-là, Dieu a fait pour lui, par Jésus, une grande merveille. Et Jésus de lui dire : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Quant à Jésus, il sera victime de son amour sans frontières. Il mourra sur la croix, jusqu’à tellement aimer que l’amour du Père en lui le ressuscitera d’entre les morts. Jusqu’à tellement aimer que Jésus lui-même veut nous aider : à ouvrir nos tombeaux, à abattre les murs, à nous mettre en route, à nous soutenir les uns les autres, quelles que soient nos origines et nos situations, les difficultés et les épreuves de la vie.

Nous sommes déjà ressuscités avec le Christ ressuscité. Vous avez entendu Paul s’adresser à Timothée dans la seconde lecture : « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts. » Il est ressuscité et il nous ressuscite avec lui. Aujourd’hui.

Jésus est envoyé pour nous ouvrir à un amour sans frontières selon la volonté de son Père. Il est le premier missionnaire qui fait de nous des missionnaires de résurrection au plein cœur de nos relations quotidiennes. La vie vaut la peine d’être vécue. La croix et la joie vont ensemble. Etre chrétien, être avec le Christ, c’est notre raison de vivre et d’espérer.

Nous ne pouvons pas laisser mourir la vie. Nous ne pouvons pas détruire la vie de mille et une manières. Nous ne pouvons pas accepter que l’argent prenne la place de Dieu et que les plus faibles soient piétinés. Comme personnes et comme peuples. Il n’y a pas d’exclus pour Dieu. Chacun est appelé à développer ses talents pour le développement de l’humanité. Et si nous tombons, la miséricorde de Dieu nous relève pour que nous devenions des apôtres de miséricorde dans une société qui a besoin de guérison et de transfiguration.

Le monde avec ses idées dominantes, voudrait : nous transformer en lépreux de son système de pensée, nous empêcher parfois de dire et de proposer des manières de vivre différentes que celles avancées par l’opinion générale.  

Notre référence n’est pas l’opinion. Notre référence c’est le Christ mort et ressuscité. Il compte sur nous maintenant pour aimer notre monde en Dieu. Nous refusons d’être culpabilisés comme les lépreux du monde. Nous sommes les lépreux de Dieu, les blessés et les boiteux de la vie. Mais si nous marchons en boitant, nous sommes guéris et transfigurés pour transfigurer le monde en une famille humaine et divine à la fois. 

Comme le samaritain lépreux, disons notre joie d’être humanisés et divinisés par le Christ. Joie d’être sauvés par lui qui dit à chacun de nous : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé et sauve le monde avec moi. » Que l’amour de miséricorde brûle en nos cœurs.

Amen.

Octobre 2021
Photos : Jean-Michel Fehrenbach

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Une bougie pour chaque personne
décédée dans la rue

A chaque appel du nom d’une personne décédée dans la rue, un lumignon était remis à Mgr Stanislas Lalanne.

Huit bougies ont ainsi été déposées sur l’autel en souvenir de chacun d’eux. Un geste tout simple mais empli d’une grande émotion.

Évangile de Jésus Christ
selon saint Luc (17, 11-19)

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre.
Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce.

Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Dix lépreux vinrent à la rencontre de Jésus © Evangile et peinture


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