Messe avec les sans-abris à Pontoise

Mgr Lalanne a présidé la messe avec les sans-abris et pour ceux qui sont morts dans la rue ce dimanche 8 octobre 2023. Lire son homélie.

Tout d’abord, je me réjouis de ces partages de la Parole que certains d’entre vous ont pu faire sur les textes de ce jour dans le cadre de la Maison Hervé Renaudin et du Relais Saint-Martin. 

Belle manière de se préparer à vivre l’eucharistie de ce soir… Merci de m’avoir partagé le fruit de votre méditation, transmis par Philippe Magne. Cela a alimenté ma méditation et j’ai essayé au mieux de m’en inspirer pour préparer cette homélie. N’hésitez pas à continuer régulièrement car vous me facilitez la tache ! Mais surtout, c’est une belle manière de partager ce trésor de la Parole de Dieu…

Dieu est un peu comme le propriétaire qui confie le monde aux hommes. Et il faut que cela rapporte, que cela donne de beaux fruits !

Aujourd’hui Jésus raconte une histoire qui nous parle de vigne. Vous savez combien la vigne représente de travail dans l’année pour obtenir de beaux fruits. 

Vous savez aussi l’importance de la vigne dans la tradition biblique. Vous avez entendu, dans la première lecture, Isaïe comparer le peuple d’Israël à une vigne plantée par Dieu sur une bonne terre. Nous sommes cette vigne plantée par Dieu ! 

Jésus reprend souvent cette image dans ses paraboles. Et Dieu y est présenté sous les traits du maître de la vigne. 

Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous apprend qu’un propriétaire a donné sa vigne en « fermage ». Cela signifie que le propriétaire n’a pas abandonné sa propriété, il espère bien qu’elle va lui rapporter ! 

Voici donc que nous apprenons une première chose sur Dieu : il est un peu comme le propriétaire qui confie le monde aux hommes. Et il faut que cela rapporte, que cela donne de beaux fruits !

On vit sur cette terre alors qu’on est rejeté…

Je pense à cette exhortation apostolique Laudate Deum, « Louez Dieu », que le pape François vient de publier le 4 octobre sur la crise climatique, à l’occasion de la fête de saint François d’Assise. Je vous conseille de lire ce texte assez bref et stimulant. 

Il y exprime sa profonde préoccupation au sujet de la sauvegarde de la Maison commune « On vit sur cette terre alors qu’on est rejeté » (Maison Renaudin). 

Alors le Pape invite fortement toutes les personnes de bonne volonté, pas seulement les catholiques, à agir pour la sauvegarde de la Création. « Nous sommes les gardiens de sa Création et nous avons le devoir de la faire fructifier mais elle ne nous appartient pas et pourtant nous nous en croyons les maîtres » (Relais Saint-Martin). Ou encore (Maison Renaudin) : « La terre n’est pas notre bien mais elle est celle de l’être humain. »

Nous sommes les gardiens de sa Création et nous avons le devoir de la faire fructifier mais elle ne nous appartient pas et pourtant nous nous en croyons les maîtres.

Dieu confie des talents à tous, au service de sa vigne, au service de son peuple, au service de l’Eglise, au service de nos communautés. Ces talents doivent servir à la joie de Dieu. A nous de faire en sorte que ces talents ne soient pas cachés mais qu’ils rapportent de beaux fruits. 

Puis très vite, dans l’histoire que nous raconte Jésus, nous découvrons une deuxième chose sur Dieu : le pardon, son incroyable pardon. 

Voyez plutôt la suite de l’histoire : le propriétaire envoie ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. 

C’est un déchaînement incroyable de violence. Les serviteurs sont frappés ou lapidés, c’est-à-dire mis à mort à coup de pierres. De nos jours, on aurait envoyé la police ! Mais le propriétaire envoie d’autres serviteurs : ils subissent la même violence que les premiers. Et arrive ce qui devait arriver, le fils est mis à mort. 

Et voici que Jésus teste ceux qui l’écoutent : « Que fera le maître de la vigne à ces vignerons ? », demande-t-il. Nous aurions peut-être répondu comme eux : « Ces misérables, il les fera périr, il les mettra à mort, comme des misérables ! »

Dieu confie des talents à tous. Ces talents doivent servir à la joie de Dieu.

Mais, est-ce que nous comprenons bien que cette parabole est comme l’histoire de notre relation avec Dieu, nous, les « vignerons pour Dieu », chargés de faire que le monde soit beau et porte des fruits en abondance ? 

Dieu a envoyé des serviteurs sans compter. Dieu a envoyé son propre fils, Jésus, et les hommes l’ont mis à mort. 

Et Dieu ne cherche pas à se venger. Dieu pardonne. Dieu cherche encore à nous tourner vers lui. Il cherche sans cesse de nouveaux vignerons qui acceptent de travailler avec lui. « Inlassablement, Dieu revient vers nous comme le maître de la vigne. Dieu est patient et plein d’amour » (Relais Saint-Martin). Dieu ne désespère pas des hommes, pourquoi désespérer de moi-même ou bien des autres ? 

Maintenant j’en viens à la fin de la parabole de l’Evangile. 

Ceux qui font face à Jésus lui ont dit qu’ils souhaitaient la mort des mauvais vignerons et il leur parle avec une autre image, l’image de l’architecture.

Dieu ne cherche pas à se venger. Dieu pardonne. Dieu cherche encore à nous tourner vers lui.

La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. « C’est une parole de résurrection, la pierre d’angle fait tout changer » (Maison Renaudin). Il s’agit bien du Christ, du mystère du Christ, il s’agit de la mort et de la résurrection du Christ, il s’agit de l’histoire du salut ! « Toute l’histoire du salut est là. Dieu veut nous sauver, même jusqu’à donner la vie de son propre fils » (Relais Saint-Martin).

Vous avez entendu derniers versets de l’Evangile de ce jour. Il s’agit aussi des disciples du Christ, du peuple chrétien. Il s’agit de vous et de moi.

Autrement dit, une pierre que certains ont mise de côté, croyant qu’elle n’était pas bonne, un autre sera capable de l’utiliser, d’en faire une pierre angulaire, la pierre d’angle où se concentrent les pressions et qui fait tenir toute une partie d’un édifice!

Belle image pour nous, les disciples du Christ !

Toute l’histoire du salut est là. Dieu veut nous sauver, même jusqu’à donner la vie de son propre fils.

Alors, si je reprends le fil de cet Evangile : croyons-nous que les autres peuvent porter du fruit, même ceux que nous ne jugeons pas capables a priori ? 

Plutôt que de dénoncer ce qui ne va pas chez eux, pouvons-nous apporter des soins, de l’engrais en quelque sorte ? Jésus lui ne nous lâche jamais, alors ne lâchons pas les autres ! Amen.

Mgr Stanislas Lalane,
Dimanche 8 octobre 2023

 
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