L’Église a besoin de l’art

Le dimanche 6 juin 2021, la messe célébrée à Auvers-sur-Oise à l’occasion du 40e anniversaire du Festival de musique d’Auvers-sur-Oise était présidée par Mgr Stanislas Lalanne. Lire son homélie.

 

Homélie de Stanislas Lalanne
pour le 40e anniversaire du Festival de musique d’Auvers-sur-Oise
Dimanche 6 juin 2021

 

stanislas_lalanne_eveque_pontoiseTout a commencé la veille de la mort de Jésus, juste avant son arrestation, dans la soirée du Jeudi saint.  Jésus avait réuni ses amis pour le repas de la grande fête juive de la Pâque, et il prononçait les belles prières habituelles, en offrant à Dieu ce qu’ils allaient manger et boire ensemble.

Et voilà que prenant entre ses mains un morceau de pain, comme on dit quelques fois qu’un homme prend sa vie en main, il le partage et le tend à ses amis en leur disant ces paroles que nous venons d’entendre dans l’Evangile de Marc : « Prenez, ceci est mon corps… Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude… »

Ce n’est que plus tard, après la résurrection de Jésus, qu’ils comprennent ce qu’il avait voulu dire ce soir-là : sa vie, il ne l’avait pas gardée pour lui. Elle avait toujours été donnée, tout entière consacrée à son Père et aux autres. Comme on dit de quelqu’un que sa vie est « mangée ».

A la fin du repas, Jésus avait ajouté : « Faites ceci en mémoire de moi. » Et depuis ce jour-là, nous refaisons les gestes et redisons les paroles de ce dernier repas. C’est la messe, c’est l’eucharistie.

Dans les gestes et les paroles de l’eucharistie, le Christ continue, de façon réelle, à nourrir de la meilleure nourriture qui soit, c’est-à-dire de lui-même.

Oui, cette histoire n’est pas achevée. Elle se poursuit d’eucharistie en eucharistie. Il s’agit non seulement de se souvenir de ce qu’a fait Jésus un soir, il y a 2000 ans, mais de l’accueillir, lui qui se rend présent et vivant aujourd’hui et pour toujours. Sacrement de la grâce du temps présent.

L’eucharistie n’est donc pas un rite religieux parmi d’autres, vécu en un instant, ou une pratique obligatoire ou encore une simple règle d’appartenance à la famille des catholiques. L’eucharistie n’est pas non plus le simple repas fraternel des amis de Jésus qui se souviennent de lui avec émotion !

Dans les gestes et les paroles de l’eucharistie, le Christ continue, de façon réelle, à nourrir de la meilleure nourriture qui soit, c’est-à-dire de lui-même.

Aujourd’hui même, dans de nombreuses paroisses du Val-d’Oise, des centaines d’enfants et de jeunes reçoivent le corps du Christ pour la première fois. Cette fête « du corps et du sang du Christ » est là pour nous aider à mieux saisir ce que le Christ a voulu accomplir… et veut toujours accomplir…

Aujourd’hui, en ce jour de la fête du corps et du sang du Christ, nos yeux sont fixés sur le pain, sur l’hostie. A trois reprises au cours de cette eucharistie, je la prendrai dans mes mains.

Une première fois, à l’offertoire, je prendrai dans mes mains le pain de vos offrandes.

C’est le pain de la terre, le pain de vos vies, le pain de vos amitiés, le pain de vos tables, le pain de vos familles, le pain de votre travail, de vos études, le pain de vos engagements, le pain des créations artistiques…

Je prendrai ce pain dans mes mains, uni à l’offrande du Christ Jésus et, avec vous, je l’offrirai à Dieu notre Père pour qu’il soit consacré dans l’Esprit Saint.

  • Nous nous offrirons tout entier en hostie vivante,
  • nous nous offrirons pour qu’il nous consacre en lui. « Prends, Seigneur, et reçois toute ma vie. »

L’Église a besoin de l’art, non seulement pour transmettre le message du Christ mais pour permettre d’entrer dans ce qui fait le cœur du mystère chrétien, le cœur du mystère eucharistique.

Une deuxième fois, je prendrai le pain dans mes mains. Ce sera le temps de la consécration.

Je referai le geste même de Jésus qui prit le pain dans ses mains. Il le bénit et le donna à ses disciples en disant : « Ceci est mon corps. » Jésus réalise quelque chose d’inouï. Quoi donc ? Dire sur le pain : « Ceci est mon corps ! » « C’est moi. »

L’hostie n’est plus du pain, elle est le corps du Christ. Nous y reconnaissons sa présence réelle, le don d’amour du Dieu vivant. Car Dieu est don. Dieu ne garde rien pour lui. Dieu s’offre à l’humanité, il s’approche d’elle, il descend en elle pour la renouveler, la purifier, la sauver, la réconcilier, la pacifier, la guérir. L’hostie dit ce don d’amour de Dieu. Elle dit le don de la vie, le don de la vie éternelle.

Une troisième fois, je prendrai dans mes mains l’hostie, le corps du Christ. Ce sera alors pour le donner en nourriture dans la communion. L’hostie est un aliment pour la vie, elle est à manger.

Elle est le sacrement du don d’amour de Dieu, le sacrement du partage. Elle est le sacrement, le signe, de la communion de toute l’humanité réconciliée par le Christ ressuscité.

Mais vous me direz : quel peut bien être le lien avec cette messe célébrée pour l’anniversaire des 40 ans du festival d’Auvers ?

Eh bien, c’est tout simple ! l’Eglise n’a jamais cessé de nourrir une grande estime pour l’art en tant que tel. Elle a toujours fait appel à la capacité créatrice des artistes pour interpréter le message évangélique et son application concrète dans la vie de la communauté chrétienne, mais pas seulement…

L’Eglise a besoin de l’art, non seulement pour transmettre le message du Christ mais pour permettre d’entrer dans ce qui fait le cœur du mystère chrétien, le cœur du mystère eucharistique.

Le Magnificat et l’Oratorio de l’Ascension de Bach pour l’ouverture du festival le 27 mai dernier en ont été des exemples marquants que beaucoup d’entre nous ont goûté avec jubilation après cette si longue et pénible attente. On était presque au ciel !

J’aime relire la magnifique lettre de saint Jean-Paul II aux artistes, en 1999. Dans cette lettre il évoque ce dialogue fécond de l’Eglise avec les artistes qui, en deux mille ans d’histoire, ne s’est jamais interrompu et qui s’annonce encore riche d’avenir.

La musique, mais aussi les autres arts, comme la peinture par exemple, permettent de poser les questions personnelles les plus importantes et chercher à trouver des réponses existentielles.

Un dialogue qui s’enracine d’ailleurs aussi bien dans l’essence même de l’expérience religieuse que dans celle de la création artistique. Alors, permettez-moi de vous partager deux citations de cette lettre belle et inspirante.

La première citation : « Au-delà de ses expressions le plus typiquement religieuses, l’art, quand il est authentique, a une profonde affinité avec le monde de la foi, à tel point que, même lorsque la culture s’éloigne considérablement de l’Eglise, il continue à constituer une sorte de pont jeté vers l’expérience religieuse. Parce qu’il est recherche de la beauté, fruit d’une imagination qui va au-delà du quotidien, l’art est, par nature, une sorte d’appel au Mystère. »

Vous comprenez donc pourquoi l’Eglise tient particulièrement au dialogue avec l’art et pourquoi elle désire que s’accomplisse, à notre époque, une nouvelle alliance avec les artistes.

Une seconde citation de saint Jean-Paul II : « L’Eglise a besoin des musiciens. Combien de compositions sacrées ont été élaborées, au cours des siècles, par des personnes profondément imprégnées du sens du mystère ! D’innombrables croyants ont alimenté leur foi grâce aux mélodies qui ont jailli du cœur d’autres croyants et sont devenues partie intégrante de la liturgie, ou du moins concourent de manière remarquable à sa digne célébration. »

L’Eglise a besoin de l’art. Mais on peut affirmer que l’art peut aussi avoir besoin de l’Eglise !

L’artiste est souvent à la recherche du sens profond des choses, son ardent désir est de parvenir à exprimer le monde de l’ineffable, de l’invisible. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé récemment au père Fred Olichet de créer une aumônerie des artistes pour le Val-d’Oise

La musique, mais aussi les autres arts, comme la peinture par exemple, permettent de poser les questions personnelles les plus importantes et chercher à trouver des réponses existentielles.

Alors, ce matin, rendons grâce pour tous les artistes, qui depuis maintenant 40 ans, nous ont permis et nous permettent de grandir intérieurement, humainement et spirituellement, et qui nous ouvrent à la vie et à l’espérance, par le chemin de la beauté.

Sans oublier toute l’équipe du Festival sans laquelle rien ne serait possible !

Amen.

+ Stanislas Lalanne
Évêque de Pontoise pour le Val-d’Oise
6 juin 2021

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Il est tout à fait possible de méditer et partager la Parole de Dieu à partir d’une œuvre d’art.

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Évangile selon saint Marc,
chapitre 14, 12-16, 22-26

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?” Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

Source : AELF

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Mgr Stanislas Lalanne


Mgr Lalanne a été installé évêque de Pontoise le samedi 6 avril 2013.
Il est le cinquième évêque de notre diocèse.


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