A Sannois, une rosace
consacrée à sainte Thérèse

La grande rosace au-dessus du portail de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul à Sannois consacrée à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus résulte de l’étroite collaboration entre deux femmes artistes du 20e siècle, la peintre Valentine Reyre et la peintre-verrier Marguerite Huré.

Dans les années 1930, après avoir terminé la reconstruction de l’église actuelle, le chanoine Batut souhaite remplacer les verrières blanches. Il fait appel au peintre Valentine Reyre qui habite Cernay et a déjà réalisé auparavant des œuvres religieuses.

L’église de Sannois possède ainsi dix verrières résultant de la collaboration de cette artiste avec Marguerite Huré, peintre-verrier : cinq verrières dans la chapelle baptistère, quatre verrières sur les bas-côtés et la rosace au–dessus du portail.

Cette rosace consacrée à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est structurée comme une fleur : un médaillon rond au centre entouré de huit panneaux en forme de pétales. 

la rosace de l'église de Sannois

Sannois, église Saint-Pierre-Saint-Paul, rosace 

sainte-thérèse au centre de la rosace

Sannois, église Saint-Pierre-Saint-Paul, médaillon central :
« Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour. »


Dans le médaillon central, Thérèse de Lisieux est représentée avec les attributs qui lui sont propres : l’habit de carmélite, le crucifix, les roses. Née en 1873, c’est, très jeune, à l’âge de 15 ans que Thérèse Martin  entra au Carmel. Elle est représentée avec des roses à la main ou aux pieds parce qu’elle avait déclaré : « après ma mort, je ferai pleuvoir une pluie de roses sur la terre… ».

A la fin de sa courte vie elle découvre le sens profond de sa vocation « Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour » ; les mots de cette phrase sont repris dans la composition du vitrail.

 

Les huit panneaux en forme de pétales présentent des personnages dont les visages sont tournés vers Thérèse.

détail de la rosace, Jésus

Sannois, église Saint-Pierre-Saint-Paul, détail de la rosace : Jésus


En haut, l’Enfant Jésus, au nimbe crucifère, rappelle l’amour que Thérèse portait à Jésus et le choix qu’elle fit d’associer son nom au sien lors de son entrée au Carmel.

détail de la rosace de Sannois, les anges

Sannois, église Saint-Pierre-Saint-Paul, détail de la rosace : les anges


Sur les côtés, deux séraphins, représentés avec six ailes, sont prosternés tandis que deux anges portent un phylactère avec l’inscription « Si quelqu’un est tout petit… qu’il vienne à moi, dit le Seigneur » ; cette parole de l’Ancien Testament mena Thérèse sur le chemin de l’humilité en proposant au monde sa « petite voie ».

Deux autres médaillons représentent d’un côté saint Antoine de Padoue associé selon la tradition iconographique à l’Enfant Jésus, et de l’autre côté un saint évêque.

détail de la rosace de Sannois, le village

Sannois, église Saint-Pierre-Saint-Paul, détail de la rosace


Le pétale inférieur mentionne les donateurs originaires de Sannois : « L’an du Seigneur 1936 en souvenir de leur cher fils Albert-Antoine cette rose a été offerte par Monsieur et Madame Couderc ».

Le peintre a représenté sur ce panneau le clocher de l’église et le moulin de Sannois. La famille Couderc fit aussi le don d’une autre verrière, consacrée à saint Albert, et réalisée par les mêmes artistes (bas-côté gauche de l’église de Sannois).

Texte et photos : Marie-Claire Pirson

 
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Les peintres verriers

Les peintres verriers travaillent souvent d’après une œuvre qui leur est fournie par un artiste que l’on nomme cartonnier en raison de la réalisation du carton à échelle d’exécution qui lui est parfois confiée.

Si les deux artistes qui ont réalisé la rosace de l’église de Sannois sont tout deux peintres et verriers, la signature indique que Valentine Reyre en a été le peintre cartonnier (INV = Invenit) et Marguerite Huré le maître verrier (FEC = Fecit).

► Valentine REYRE

Valentine Reyre est née à Paris en 1889. Initiée à la peinture par son père, elle expose dès 1913, remarquée par la critique. Mais très vite, elle donne la priorité à la recherche d’une esthétique chrétienne. En pleine première guerre mondiale, Valentine Reyre fonde, aux côtés de Maurice Denis, « l’Arche », un groupement d’artistes et d’architectes au service de l’Eglise et de la liturgie, qui veulent œuvrer pour la reconstruction des églises.

Elle installe son atelier à Ermont-Cernay en 1921. Elle y meurt en 1943, laissant une œuvre considérable (fresques, vitraux). Dans le Val-d’Oise, elle collabore, en 1926, avec les frères Perret, architectes,  pour la décoration de la chapelle sainte Thérèse de Montmagny ; elle y réalisera la fresque du chœur et par la suite, le chemin de croix. Outre les vitraux de l’église de Sannois, elle réalisa aussi un vitrail pour la chapelle-aumônerie du lycée Van Gogh, vitrail qui a été déplacé et se trouve actuellement dans l’oratoire du centre Jean-Paul II à Ermont.

► Marguerite HURE

rosace de Sannois, signatures

Marguerite Huré (1895-1967) étudie auprès du peintre verrier Émile Ader puis fonde son propre atelier en 1920. Elle collabore avec les plus grands architectes de son époque notamment Auguste Perret, et met son talent au service d’artistes de renom tels que Maurice Denis, Georges Desvallières, le Père Couturier, Valentine Reyre ou encore Jean Bazaine.

Elle a milité pour le renouveau de l’art sacré et a joué un rôle de précurseur en introduisant, dès l’entre-deux-guerres, l’abstraction géométrique colorée dans le domaine du vitrail religieux.


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