Le Baptême est un cadeau !

Régulièrement, des familles ayant un enfant en situation de handicap se retrouvent pour partager ensemble sur leur vie et sur la Parole de Dieu. Récit.

C’est à l’évêché de Pontoise que nous nous sommes retrouvés pour ce quatrième dimanche des familles de l’année pastorale. Pour une belle journée de rencontre et de partage.
Huit d’entre nous ont pu se retrouver pour la messe de 10h30 à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise.
Puis, nous avons été rejoints à l’Evêché par cinq autres personnes pour le repas, dont la table avait été préparée avec soin par notre fidèle « intendante », Danièle. Nous partageons dans l’allégresse nos différents plats… et, même si ce n’est pas un concours de cuisine, ils sont fort succulents ! Ce qui rajoute à la joie de ce déjeuner.

Comme à l’accoutumée, notre après-midi prend un tour plus sérieux ! La première lecture de la messe de ce matin nous a tournés vers le baptême. Et lors de la messe de l’Ascension, quatre jours plus tard, nous entendrons le Christ nous redire d’aller de par le monde, de témoigner et de faire des disciples par le baptême. C’est donc autour du baptême que nous réfléchirons aujourd’hui.
Les parents se sont retrouvés autour d’un axe principal: quel sens a pour moi aujourd’hui « être baptisé », « avoir fait baptiser mes enfants » ? Ce qui a parfois débouché sur l’accueil qui est fait aux personnes handicapées dans l’Eglise et dans la société.

Patricia, malgré ses troubles autistiques, me réclame d’aller à la messe. Je l’ai habituée toute petite, elle a participé à des pèlerinages.

Echos des partages :

  • J’ai été baptisée grâce à mes parents, très jeune. Aujourd’hui, je peux témoigner de ce baptême grâce à ma mère. Elle a pris soin de cela. Je suis mariée depuis 47 ans. Ma fille, Patricia, est très handicapée. Pourtant elle est baptisée, eucharistiée, confirmée. Mes deux enfants ont suivi la catéchèse, ont reçu les sacrements. Mon époux n’est pas très pratiquant, mais il n’a rien contre et il nous conduit. J’ai toujours été très attachée à l’Eglise. Patricia, malgré ses troubles autistiques, me réclame d’aller à la messe. Je l’ai habituée toute petite, elle a participé à des pèlerinages. J’aide dans ma paroisse. Je ne donne pas pour recevoir, mais je gagne plus que ce que je donne ! Grâce au Bon Dieu.
  • Faire baptiser mes trois filles, c’est aussi montrer que l’on fait partie de la même communauté. Pour Roxane, qui est très handicapée, j’ai attendu un peu. Pas à cause de son handicap, mais parce que je voulais être sûre des parrain et marraine. Mais même non baptisée, je l’emmenais à la messe. Elle aime ! cela se remarque (ceux qui participent régulièrement à ce groupe confirme : Roxane participe à sa manière et est rayonnante !) Ce que j’aime à la messe, c’est que, de façon générale, les gens ont un regard bienveillant, plus que dans la société… je dis bien de manière générale, ce n’est pas toujours le cas ! Parfois, c’est inapproprié, et certains se retournent furieux !
    Lors du baptême de Roxane, il est évident que le prêtre n’était pas à l’aise. Il ne savait pas comment s’y prendre…
Groupe de jeunes en plein Air
  • Il y a un manque de formation des prêtres sur les questions de handicap. Et c’est vraiment dommage.
  • Que nos enfants soient avec tout le monde, c’est important. Montrer ce qu’est le handicap, en parler, c’est appréciable. Trop de monde ne connaît pas. Il faut informer. Les personnes handicapées font partie de l’Humanité, de l’Église. Les parents ont souvent peur d’emmener les enfants porteurs de handicap à la messe, à cause de leur comportement. Mais il faut le faire ! Pour informer, et parce qu’ils font partie de l’Eglise.
  • Quand des gens regardent ma fille, je me dis que c’est parce qu’elle est belle !
  • Oui, il faut apprendre à se protéger.
  • J’ai apprécié la messe ce matin à la cathédrale Saint-Maclou. Nous étions aux premiers rangs et nous avons été vraiment accueillis par le prêtre. Cela m’a rappelé, il y a environ 25 ans, une dame malgache mettait un tapis par terre, avec des feuilles, des crayons. Et les enfants pouvaient s’amuser là durant la messe. C’est la seule église où nous nous sentions bien accueillis, bien que Guillaume fasse fréquemment des crises d’épilepsie. Nous n’allions pas à la messe dans notre quartier, mais à la cathédrale. Nous avons fait toutes les églises des environs, mais c’est à Saint-Maclou que nous allions. Puis, il y a eu la Pastorale Catéchétique Spécialisée et Guillaume a communié, avec les autres enfants. Et cela c’était important. C’était des parents de Claire Vie qui faisait la catéchèse le dimanche matin. Nous sommes ancrés dans la paroisse grâce à tout cela.

Les parents ont souvent peur d’emmener les enfants porteurs de handicap à la messe, à cause de leur comportement. Mais il faut le faire !

  • Les parents demandent à ce que les enfants porteurs de handicap soient intégrés dans les mêmes groupes que les autres, célèbrent les sacrements dans les mêmes célébrations.
  • Les choses ont changé. Aujourd’hui, le handicap est bienvenu…
  • Là, c’est pas si sûr ! L’accessibilité dans les transports, par exemple, n’est pas acquise. Même sur des lignes neuves, il y a un grand espace entre le quai et le train… Avec un fauteuil, ce n’est pas évident.
  • Guillaume a été radié de l’Education Nationale à l’âge de 5 ans !
  • Sophie aussi a été radiée. Et même des activités périscolaires, à 7-8 ans… Cela lui faisait mal. Et à moi aussi ! Pendant des années, je n’ai pas pu aller voir des activités tellement cela me faisait mal au cœur. Jusqu’à ce que, quand elle avait 11-12 ans, j’ai repéré du chant Gospel. Sophie aime chanter ! La responsable a accepté de faire un test sur sa voix. Et cela a marché ! Cela a duré plus de deux ans. Sophie a même fait des concerts, en chantant a capella, alors qu’elle ne parle pas anglais… Il y a quelqu’un qui a osé faire le premier pas ! Des années après, j’ai rencontré cette femme qui a fait confiance à Sophie. Elle se souvenait de Sophie et a été contente d’avoir de ses nouvelles. Il n’y a pas que dans l’Eglise que les personnes handicapées n’étaient pas accueillies ! Dans la société non plus !
  • Tous les baptêmes de nos enfants ont été des choix. Une évidence même. Je n’aurais pas envisagé qu’il en soit autrement. Ce sont des moments exceptionnels quand on est parents. Surtout pour notre fille qui a été baptisée par immersion. Sachant notre fille fragile, le prêtre avait pris soin de chauffer l’eau et la salle, pour qu’elle n’ait pas froid.

Mes filles ont été baptisées plus grandes. Je trouve que c’est intéressant. Petits, ce sont les parents qui décident. Plus grands, ils peuvent demander.

  • A l’église Ozanam, le baptistère a été fait suivant ce qui se faisait dans les 1ères communautés chrétiennes. Creusé dans le sol, en forme de croix. A l’époque, c’étaient des adultes qui étaient baptisés. Ils arrivaient habillés «normalement », se déshabillaient pour être plonger dans l’eau et étaient revêtus de blanc en remontant. J’ai vécu plusieurs baptêmes par immersion, et c’est vrai que c’est très parlant.
  • Pour Caroline aussi, cela a été fait comme cela. Ce n’est qu’après avoir été plongée dans l’eau qu’elle a été habillée de blanc.
  • Mes filles ont été baptisées plus grandes. Je trouve que c’est intéressant. Petits, ce sont les parents qui décident. Plus grands, ils peuvent demander. Mes deux filles ont décidé d’être baptisées. Céline a vraiment la Foi, est active. C’est moins le cas pour notre autre fille qui ne pratique plus tellement. Céline participe au groupe Foi et Lumière, même si moi je ne peux pas y aller. La dernière fois, elle avait à cœur d’avoir des nouvelles de tout le monde.
  • Je pense qu’en fait ce n’est pas nous qui faisons un cadeau à nos enfants lorsque nous demandons le Baptême pour eux. C’est Dieu qui le fait ce cadeau… Mon fils a été baptisé, il a été catéchisé. Mais maintenant il ne croit plus en rien… « comment croire en quelque chose qui n’existe pas ? » dit-il…
  • Peut-être peut-on dire que nous leur faisons un cadeau, mais qu’ils ne sont pas obligés de le déballer ?

 

Pendant ce partage, les cinq jeunes ont réalisé chacun leur « fresque du Baptême » avec Laure et Sylvie. Chacun a reçu un grand ovale de carton bleu clair qui symbolisait la vasque du Baptême. Il y avait des photos et des dessins représentant les différents gestes de la célébration du Baptême. Chacun était invité à choisir les photos, les dessins des quatre gestes qui lui convenaient le mieux pour parler du Baptême, et à coller dans la vasque d’eau. Même ceux qui sont le plus en difficulté au niveau de la communication ont pu réaliser cette fresque. Les animatrices leur présentaient chaque image et ils savaient bien dire ce qui leur convenait ou non ! Des petits cœurs, des colombes ont parfois complété leur œuvre.

Tous ont été fiers de présenter celles-ci aux adultes. Une jeune a expliqué son Baptême aux autres. Car sa sœur et elle ont décidé de recevoir le  Baptême.  Nous avons donc chanté un refrain pour chaque étape lors du Baptême. Ce fut un moment de partage, de joie et de fraternité. (voir photo)

Nous avions fait le temps de prière à l’oratoire. Ces œuvres ont été comme offertes au Seigneur. Et nous avons repris à notre compte les paroles que nous prions lors des célébrations de Baptême : le « je crois en Dieu… » et le « Notre Père…» Et, en ce mois de Marie, nous lui avons demandé de présenter avec nous toutes les intentions de prière que nous avons formulées : pour nos enfants, pour nos familles, pour l’Eglise, pour la paix dans le monde…

C’était la dernière « journée des familles » de cette année pastorale. Et nous avons hâte de nous retrouver après la coupure de l’été. En espérant être peut-être plus nombreux : ces dimanches sont une halte bénéfique dans nos vies parfois bien compliquées… et nous serions heureux que plus de familles puissent en bénéficier.

Mai 2023
Recueillli par Any Tournesac

Illustration : Bernadette Lopez
www.evangile-et-peinture.org / www.bernalopez.org

 

 
CONTACT

Pastorale du handicap
Any Tournesac
sante.mentale@catholique95.fr 

Qu’est-ce que
la « Journée des familles » ?

Initiées par le Pastorale du handicap il y a six ans, ces journées rassemblent des parents et leurs enfants en situation de handicap. Les handicaps sont variés et les enfants ne sont plus forcément des jeunes, mais des adultes.Ces rencontres ont lieu 4 ou 5 fois dans l’année. La 1ère et la dernière rencontre ont lieu à l’évêché de Pontoise, les autres au centre Jean-Paul II d’Ermont. Les familles sont invitées à participer à la messe de la paroisse près de laquelle nous nous trouvons. Nous y sommes toujours bien accueillis et même intégrés à la célébration. Cependant nous avons rarement des contacts avec les paroissiens.La place de la Parole de Dieu est importante : elle est au centre du thème que l’équipe de préparation a choisi. Les partagent permette aux parents d’avoir l’occasion de parler de leurs difficultés face au quotidien d’une famille « à particularité ». Les enfants participent, quant à eux, à un atelier avec des personnes habituées à l’accompagnement de personnes en situation de handicap, et ayant des capacités sur le plan « manuel ». Ils y déclinent d’une autre façon le thème de la journée. Leurs travaux sont présentés à tous et offerts au cours de la prière qui clôt la journée.

Pour les familles et leurs enfants, ces journées sont précieuses : elles sont tout à la fois très conviviales, et nourrissantes.


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