« Eveille-toi, orgue, instrument sacré… »

25 ans après un incendie, le nouvel orgue de l’église Saint Martin de l’Isle-Adam a été inauguré au cours d’une messe présidée par Mgr Stanislas Lalanne. Lire son homélie.

Homélie de Mgr Stanislas Lalanne pour
La bénédiction de l’orgue
de l’église de L’Isle-Adam
Dimanche 17 mars 2024

 

La bénédiction d’un orgue, comme celui de l’église Saint-Martin ce matin, et les textes du rituel révèlent le rôle que tient cet instrument dans la liturgie de l’Eglise et le sens qui est donné à son jeu. 

L’Eglise affirme avec conviction que l’orgue est le symbole de l’Eglise et même de l’Eucharistie.

Comme l’assemblée, il est fait de membres différents et complémentaires :

  • des petits et des grands,
  • des graves et des aigus,
  • des éclatants et des discrets… 

Lorsque l’orgue soutient le chant de l’assemblée par son accompagnement, c’est vraiment la voix de l’Eglise qui se fait entendre

Bien plus, en étant un seul instrument fait d’une multitude de tuyaux, il est l’image de l’Eucharistie qui est un seul pain fait d’une multitude de grains. 

Et lorsque l’orgue soutient le chant de l’assemblée par son accompagnement, c’est vraiment la voix de l’Eglise qui se fait entendre, soutenue par son symbole instrumental. 

L’orgue n’est donc pas là seulement pour faire beau ! L’organiste est à proprement parler un acteur liturgique, au même titre que la chorale, les lecteurs et les animateurs. 

Acteur liturgique, il l’est quand il interprète des œuvres du répertoire adaptées au temps liturgique. 

Acteur liturgique, il l’est tout autant dans les improvisations, portant à son épanouissement la prière de l’assemblée par des préludes, des interludes et des postludes.

« Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez ! Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l’annoncent ! »
Psaume 46

Ces improvisations viennent donner de la respiration à l’action liturgique, en conduisant au silence, à la louange, à la méditation… 

Nous venons d’entendre saint Paul : « Par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés louanges, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. » 

Et le psaume 46, que nous venons de chanter, nous invite dans ce sens : « Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez ! Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l’annoncent ! » 

L’humanité ne peut pas se passer de la beauté, ni de l’art, que ce soit l’architecture, la statuaire, la peinture, les vitraux, la musique et le chant.

L’organiste reçoit cette mission de favoriser la rencontre du peuple rassemblé avec Dieu, son Seigneur.

L’organiste reçoit cette mission de favoriser la rencontre du peuple rassemblé avec Dieu, son Seigneur, « les paroles rituelles ne trouvant leur forme parfaite que dans l’art et la beauté », précise, je crois, la charte des organistes. 

Le musicien d’église n’apporte pas seulement un supplément de décoration. La musique sacrée a, en effet, pour but premier que Dieu soit glorifié et les hommes sanctifiés. 

La multiplicité des sons de l’orgue et l’aptitude de l’organiste à les réunir dans ses multiples harmonisations font de cet instrument le symbole vivant de l’unité, de la communion dans la diversité.

Toute l’assemblée est appelée à adorer et à chanter la gloire du Seigneur dans l’harmonie sans cesse réaccordée les uns aux autres.

Toute l’assemblée est appelée à adorer et à chanter la gloire du Seigneur dans l’harmonie sans cesse réaccordée les uns aux autres. 

Et puis, l’orgue est cet instrument très sensible à son extérieur, aux variations climatiques et aux changements de température. Les facteurs d’orgues le savent bien ! 

Il rappelle ainsi à la communauté, qui chante à son diapason, qu’elle doit être aussi sensible au monde et à l’entourage dans lequel elle vit. 

S’il faut réaccorder l’orgue régulièrement, la communauté des fidèles doit se souvenir qu’il lui faut aussi se réaccorder au souffle de l’Esprit.

Ce souffle, frappant les sifflets des tuyaux, les fait jouer chacun selon leur jeu, selon leur note, dans une harmonie profonde préparant l’accord parfait, le point d’orgue…

Ce souffle, frappant les sifflets des tuyaux, les fait jouer chacun selon leur jeu, selon leur note, dans une harmonie profonde préparant l’accord parfait, le point d’orgue… 

Je lisais ces derniers jours une lettre envoyée par un jeune confirmand d’une quinzaine d’années qui me racontait son itinéraire chrétien, sa passion pour la musique et sa découverte de la pratique de l’orgue. 

J’ai été marqué par ce qu’il m’écrivait. Je vous en livre une seule phrase : « L’orgue me touche car j’y entends une polyphonie parfaite et des couleurs sonores qui me font penser à la grandeur et à la douceur de Dieu. » 

Le moment est venu maintenant de bénir l’orgue et de l’encenser, rituel qui nous révèle le rôle que tient cet instrument dans la liturgie de l’Eglise et le sens qui est donné à son jeu. 

Puis l’orgue fera entendre sa voix, instant solennel que l’Eglise a tenu aussi à ritualiser. 

Pour mieux intégrer l’instrument au ministère liturgique qu’il aura à accomplir, je l’invoquerai par huit fois en détaillant la diversité de ses fonctions :

  • louer le Père, le Fils et l’Esprit,
  • honorer la Vierge Marie,
  • participer à l’action de grâce (l’eucharistie) et à la supplication des fidèles,
  • apporter le réconfort à ceux qui sont dans la peine et soutenir la prière.

Mars 2024

 
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