« Recevez l’Esprit Saint ! »

Homélie de Stanislas Lalanne
pour la confirmation des adultes
Cathédrale Saint-Maclou
Samedi 27 mai 2023

En hébreu, le mot pour désigner l’esprit, c’est le mot « ruah », un mot féminin. Comme si l’haleine de Dieu avait une fonction maternelle pour enfanter l’humanité.

Les effets sont incalculables. Plus de verrous, les peurs sont dépassées, la paix s’épanouit sur les visages. Expérience de salut que j’ai retrouvée dans ces lettres personnelles que vous m’avez adressées.

Ecoutez juste deux d’entre vous :

« A vrai dire, je haïssais ma vie. Souvent je me demandais « pourquoi suis-je en vie ? » Je n’avais qu’une seule envie, c’était la mort. Un soir où j’étais particulièrement au bout du rouleau, j’étais prête à mettre fin à mes jours. Mais ce soir-là, le Seigneur m’a envoyé une invitation à Lui parler. Je ne savais pas prier mais je lui ai parlé pendant des heures et je lui ai demandé de me sauver. Ce fut le début de mon chemin avec Lui. »

« En grandissant, j’ai traversé des périodes difficiles, j’ai donc énormément prié. J’ai demandé au Seigneur qu’il me sauve. De nombreuses fois, mes prières ont été entendues. Si nous croyons et que nous Lui demandons avec foi, Il nous écoute et exauce nos prières. »

Lors de la Pentecôte, 50 jours après Pâques, chacun entendra les merveilles de Dieu dans sa langue maternelle…

Oui, le souffle de Dieu, crée et recrée. Avec Jésus, il fait naître une humanité nouvelle. La communauté est le lieu de grand vent où le pardon des péchés permet d’accueillir la vie de l’Esprit.

Bien sûr, on n’oubliera pas les plaies du Crucifié. Le chemin sera parfois parsemé d’obstacles difficiles à franchir. On n’oubliera pas ses paroles : leur ferment réveillera sans cesse les cœurs. On n’oubliera pas ses actes : de quoi ébranler et remettre debout personnes et sociétés !

Revenons à ce passage d’Evangile qui vient d’être proclamé. C’est au soir du premier jour de la semaine que Jean situe cette première Pentecôte, la rencontre du Seigneur ressuscité avec les disciples.

 Les disciples sont remplis de joie lorsqu’ils reçoivent la visite du Christ ressuscité. Auparavant, ils étaient enfermés dans la peur.

 Jean nous dit qu’ils avaient peur des juifs. Ils pouvaient craindre que ceux-ci engagent contre eux un procès comme ils l’avaient fait contre Jésus. Mais ils étaient dans la crainte surtout car ils se sentaient abandonnés. Ils se sentaient chargés d’une mission qui leur semblait au-dessus de leur force et pour laquelle ils n’étaient pas prêts.

Et voici que Jésus est au milieu d’eux, vivant. Ils sont remplis de joie. Car le Christ est venu pour que les hommes aient la joie. Il est venu pour que nous ayons la joie et que nous l’ayons en plénitude !

Jésus franchit donc les portes verrouillées par la crainte, il « vient » comme il l’avait promis, et change la peur en joie. Déjà il leur avait dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous. » Déjà la foi a jailli au cœur des deux apôtres accourus au tombeau. Déjà Marie de Magdala a transmis le message reçu dans le jardin.

 Maintenant Jésus lui-même, après l’angoisse de l’enfantement douloureux, apporte la paix que nul ne pourra plus ravir : « La paix soit avec vous ! »  Les plaies du Ressuscité sont devenues signes de reconnaissance du Ressuscité : « Il leur montra ses mains et son côté. »

 Il faut alors que la joie de cette bonne nouvelle se répande sur l’univers. Il faut déverrouiller les portes et partir dans le monde entier.

Comme les autres évangélistes, Jean enracine la mission dans la révélation de Jésus ressuscité. Mais il remonte jusqu’à sa source, le cœur du Père qui veut que soit manifesté son amour pour les hommes : « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » Les disciples continuent la mission de Jésus.

Maintenant qu’il est glorifié, l’Esprit peut couler en eux comme des fleuves d’eau vive. Par le don de l’Esprit, dans la puissance de la Résurrection, les disciples rassemblés sont institués au service du salut de leurs frères.

Cette soirée pascale est le tournant de l’histoire : c’est déjà la Pentecôte et la naissance de l’Eglise ! L’Eglise est bien le fruit précieux de l’Esprit Saint. Avec Jésus, le monde entier entre déjà dans l’aube de la résurrection.

Chers confirmands, vous accueillez vous-mêmes le don que vous fait Jésus, le don de l’Esprit. Aujourd’hui encore descend sur vous le don précieux du Christ ressuscité qui marque le début d’une nouvelle création.

L’Esprit Saint, que le Ressuscité a répandu sur l’Eglise au début de sa mission, il l’envoie dans vos cœurs, afin qu’avec votre vie, transformée dans la sienne, vous puissiez lui rendre témoignage.

C’est une grâce que nous ne pouvons pas refuser, un souffle de vie sans lequel nous ne pourrons pas vivre. Mais surtout, c’est le premier don que Jésus ressuscité a offert à ses disciples le soir de Pâques.

L’Eglise nous offre ce don afin que, comme nous l’a dit Paul, dans sa lettre aux Galates, nous puissions vivre de l’Esprit, marcher selon l’Esprit, nous laisser conduire par l’Esprit.

Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Vous avez entendu, dans cette lettre, ce que produit l’Esprit en nous : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité, et maîtrise de soi ».

En entendant l’énumération des fruits de l’Esprit, vous comprenez qu’il ne s’agit pas d’une production de vertus humaines que nous serions capables de faire grandir par notre propre effort.

Il s’agit d’un don que Dieu fait aux hommes, de la grâce qu’il met en nos cœurs, pour faire avec les êtres que nous sommes, pauvres, pécheurs, fragiles,

• des gens capables d’aimer, de porter la joie,
• capables d’être des artisans de paix,
• capables d’endurer avec patience,
• capables de bienveillance, de foi et d’humilité,
• capables de maîtrise de soi.

Aucun de nous n’est capable de ces fruits, sinon par la puissance de l’Esprit qui nous habite. Vous en êtes bien conscients et vous l’exprimez également dans les lettres que vous m’avez envoyées :  

« Ce chemin vers la confirmation m’a donné énormément de réponses aux questions que je me posais sur Dieu, son amour pour l’humanité. J’ai également beaucoup appris sur le comment se laisser guider par l’Esprit Saint. J’ai appris à laisser Jésus devenir le conducteur de ma vie. J’ai appris à pardonner, à aimer mon prochain et à m’aimer comme Jésus m’aime. Mais le plus important, je me suis laissé aimer par Dieu et je l’aime en retour. » 

« Je demande aujourd’hui la confirmation pour recevoir l’Esprit saint en plénitude. Alors, je pourrai vivre en disciple du Christ, annoncer la Bonne Nouvelle, participer activement à la vie de ma paroisse et témoigner de ma foi à ceux qui m’entourent et au monde. »

C’est le premier signe, le premier témoignage que l’Esprit rend à la puissance de Dieu à travers l’humanité.

Nous qui sommes faits de la même pâte que tous les êtres humains, avec nos limites, nos faiblesses et nos péchés, nous devenons capables d’aimer, d’endurer, de vivre dans l’allégresse et de nous mettre au service des autres.

Chers amis, en ce jour où l’Esprit est répandu sur vous, en ce jour où l’Esprit constitue son Eglise comme témoin et apôtre du Christ, en ce jour où vous prenez votre place dans la main du Père et dans la communion du Père et du Fils, rendons grâce à Dieu qui fait de vous des témoins de la vérité et des témoins de son amour.

Amen.