Combien pardonner ? 70 fois 7 fois !

Des personnes éprouvées par la souffrance psychique ou liée à un état dépressif se sont retrouvées pour échanger sur le passage de l’évangile selon saint Matthieu où Jésus appelle à pardonner 70 fois 7 fois ! Echos des partages…

De l’évangile selon saint Matthieu (Mt 18, 21-35)

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Échos des partages :

  • Dieu et Jésus voudraient qu’on pardonne à ses ennemis plusieurs fois sans leur en vouloir. Sinon, ça nous fait du mal à nous et aux autres aussi. Même si c’est dur de pardonner !
  • T’en as eu des ennemis ?
  • Beaucoup !
  • On peut pas pardonner si les gens t’ont fait souffrir toute ta vie !
  • C’est vrai…
  • Moi, je n’ai pas de mal à pardonner. Pourtant par rapport à la religion, il faut faire un geste. Sinon on est malheureux. Au fond de notre cœur, ça ne va pas. Pardonner plutôt que rester avec un poids sur le cœur. Je me dis « A quoi bon s’acharner ? Je pardonne facilement.
  • Ça dépend de ce qu’on t’a fait !
  • Oui, c’est vrai. Je dis ça pour de petites choses.
  • Le plus dur, c’est quand on profite de la faiblesse, de la maladie à des fins nuisibles.
  • Je suis d’accord !
  • Des choses ne sont pas pardonnables. Si on arrive à le faire une fois, après, on ne peut plus pardonner.
  • Quand on pense à la mère de Maëlys par exemple, c’est impardonnable !
  • Dans ma famille, il s’est passé beaucoup de choses difficiles. On a essayé une fois, puis deux fois, de pardonner. Maintenant, on ne peut plus. On a arrêté. On a dû passer à autre chose.
  • On est humains… On n’a pas à subir toute sa vie.
  • Chacun a sa propre histoire. Le pardon en dépend.
  • T’en as eu des ennemis ?
  • Beaucoup !
  • On peut pas pardonner si les gens t’ont fait souffrir toute ta vie !
  • Je connais un prêtre dont la sœur pharmacienne avait été tuée par un jeune qui cherchait de la drogue. Lors de la messe des ses obsèques, il a dit humblement que pour le moment, il ne pouvait pas pardonner.
  • Oui, comme pour Maëlys
  • Ou si une entreprise fait faillite et que ça a des conséquences sur les familles de ceux qui y travaillent. Des drames peuvent se passer.
  • C’est dur de juger et de pardonner.
  • C’est parfois possible quand la colère est passée, mais il faut du temps !
  • Mais si ce qu’on a subi n’est pas reconnu par les personnes autour, il faut parfois beaucoup de temps !
  • Et ça peut se passer autant dans la vie familiale que professionnelle ou amicale
  • Le pardon n’est pas une qualité. C’est très important pour avoir la paix. Mais si l’autre ne veut pas pardonner, ça peut être compliqué ! D’autant plus si elle n’a pas la foi. Il faut du temps. C’est une démarche.
  • Ça permet de se remettre en question. C’est toute une démarche, un accompagnement.
  • En fait, Dieu nous donne le pardon gratuitement.
  • Mais nous savons que des personnes ont vécu des choses tellement difficiles que cela peut mener à des pathologies. Et dans ce cas le pardon est d’autant plus difficile.
  • Le sacrement de réconciliation ? Il faut être prêt. Ça peut être compliqué selon la personne.
  • Quand on n’est pas aimés, on se dit « pourquoi nous ? » Si on pardonne à un frère, une sœur, même si l’autre ne veut plus nous voir, ça fait du bien !
  • Je pense que d’autres personnes, des amis, des religieuses… peuvent nous aider sur le chemin du pardon.

Dans ma famille, il s’est passé beaucoup de choses difficiles. On a essayé une fois, puis deux fois, de pardonner. Maintenant, on ne peut plus. On a arrêté. On a dû passer à autre chose.

  • Le pardon pose beaucoup de questions. Avec ma foi, j’essaie ! Mais la question c’est : n’est-ce pas pour les autres une porte ouverte à tous les abus ?
  • Moi, dans ma vie familiale, j’ai supporté dans le passé et c’est encore le cas aujourd’hui – des choses impardonnables, pour respecter l’Évangile. L’Évangile me dit que toute personne, même la pire, a une part de dignité. Si je n’accepte pas cette personne, c’est comme si je n’acceptais pas Dieu lui-même. Alors, je préfère me faire avoir plutôt que de passer à côté de quelque chose, d’un service.
  • Si j’en reviens au « Notre Père » et à cette phrase « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons… », notre pardon à nous est premier. A nous de pardonner d’abord avant de recevoir celui de Dieu. Pardonner en paroles, c’est facile. Mais le plus important, c’est de pardonner avec le cœur.
  • Et pardonner en actes aussi !
  • Mais y’en a qui veulent pas te pardonner même si c’est eux qui ont été méchants.
  • Certains m’ont interpelée en disant « Oh vous êtes bien, vous ! » parce que j’avais pardonné. Quand on pardonne, ça interpelle l’autre en face qui nous a fait du mal.
  • Moi, j’ai pardonné à mes collègues grâce à Jésus !
  • Je crois qu’il y a une démarche individuelle à faire. Sinon, ça reste toute la vie ! Moi, j’ai eu beaucoup de colère !
  • On peut se faire du mal à soi, si on n’a pas pardonné.
  • Et si l’autre ne veut pas ?
  • Eh bien il faut la laisser. L’important, c’est que toi, tu aies pardonné.
  • Même des saints pardonnent en fin de vie. Le pardon est un mystère.
  • Échanger en groupe, ça aide aussi
  • On ne peut pas rester avec un poids sur le cœur.
  • Je regarde le texte. Le premier ouvrier doit beaucoup ! Moi, je ne sais pas ce qu’il peut faire ?
  • Il a demandé la pitié de son maître et son maître la lui a donnée. Il aurait pu faire pareil pour son propre employé plutôt que le mettre en prison !
  • Le jugement des hommes n’est pas le même que le jugement de Dieu.
  • Dieu est miséricordieux !
  • Oui, et ça va loin.

Si j’en reviens au « Notre Père » et à cette phrase « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons… », notre pardon à nous est premier.

  • Moi, je trouve que le pardon, c’est d’abord un don de Dieu, une grâce de sa part. Bien sûr, nous avons aussi notre part. Mais si nous pouvons pardonner c’est à cause de la grâce que Dieu nous fait !
  • Ça dépend des circonstances. Il y a longtemps, j’ai accueilli une personne sans papiers, par gentillesse. De fil en aiguille, j’ai gâché ma vie à cause de lui. Quelque chose en moi me dégoûte car cette personne m’a menti. Et encore aujourd’hui. Alors comment expliquer ça ? Pourtant je crois lui avoir pardonné ?
  • Jésus mort en croix a gardé les stigmates de ses souffrances. Ta souffrance d’aujourd’hui, c’est la trace de ces blessures.
  • Le pardon n’est pas l’oubli. Je ne peux oublier ce qu’on m’a fait !
  • Si on peut donner le pardon, il faut aussi demander le pardon pour nous-mêmes
  • Peut-être, mais moi, je m’en veux d’avoir accueilli cette personne.
  • Moi, j’ai du mal à me pardonner. Je n’ai pas vu ma mère avant qu’elle parte. Je comptais y aller la semaine suivante… Une partie de moi s’en voudra toujours !
  • Il y a des gens pervers qui jouent avec la sensibilité de chacun. Des enfants qui ont souffert de leurs camarades, de leurs parents, de leurs frères et sœurs sans pouvoir se défendre, ceux-là ne peuvent pardonner. Adultes, ils deviennent paranoïaques. Des ruminations restent quand on a été victimes dans l’enfance.

Moi, je trouve que le pardon, c’est d’abord un don de Dieu, une grâce de sa part. Bien sûr, nous avons aussi notre part. Mais si nous pouvons pardonner c’est à cause de la grâce que Dieu nous fait !

  • Mon mari a été battu par un père, qui n’était pas son vrai père. Sa mère disait « mon enfant, j’aurais dû le mettre à la SPA !! et vous, disait-elle en s’adressant à moi, vous n’êtes qu’une « P… » . Mon mari n’a jamais pardonné. Il a fait une autre démarche pour s’éloigner de ses frères
  • Dieu ne vous en voudra pas de ne pas pardonner. Vous avez fait tout ce que vous pouvez.
  • Quand on peut, c’est tellement bien de pardonner ! Mon souhait, mon rêve serait de faire une immense ronde avec toutes les personnes de ma famille. Avec celles-là même qui m’ont laissée seule à la porte du cimetière lors des dernières obsèques, alors qu’ils allaient déjeuner tous ensemble et se retrouver.
  • Certains disent « On ne s’appelle que pour les enterrements ». Moi j’appelle même si on ne se voit plus.
  • Ma grand-mère a payé 150 ans de messe pour être pardonnée par Dieu !! avec tout le mal qu’elle a fait…
  • Le pardon ne s’achète pas !
  • C’est comme les indulgences qui existaient avant. Il y a eu des dérives…
  • La question de l’enfer est difficile. Pour moi, l’enfer n’existe pas.
  • Pour moi, si. Mais la question est de savoir s ‘il y aura quelqu’un dedans.
  • Pour moi, même l’homme le plus horrible sera pardonné !
  • Oui, toute personne qui regrette ce qu’elle a fait.
  • Mais ceux qui toute leur vie se sont volontairement opposés au Seigneur n’iront pas au paradis.
  • Moi, je suis sûre que quand on sera face à Dieu à notre mort, on sera tellement submergés par son amour, qu’on se tournera forcément vers lui en lui demandant son pardon !
  • Pour moi, le seul péché non pardonné est le péché contre l’Esprit : avoir face à soi la lumière divine et la refuser.
  • Le théologien Von Urs Balthazar dit ceci : l’enfer existe… mais il est vide… Car l’amour de Dieu est si grand qu’il ne peut imaginer un seul de ses enfants qui soit perdu et qui ne soit pas dans la miséricorde de Dieu. C’est la parabole de la brebis perdue de l’Évangile.

Recueilli par Geneviève Robert
Mars 2023

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Groupe « Amitié-Espérance-Arc-en-Ciel »
du Val-d’Oise
Contact : ae-arcenciel@catholique95.fr

Prière : Quarante jours pour
apprendre à vivre ! 

Quarante jours pour faire le tri,
pour se délester de ce qui est inutile,
comme lorsqu’il faut traverser un désert.
Quarante jours pour éduquer les cœurs et aimer,
apprendre à aimer, d’une façon neuve, à la façon des premiers jours.
Quarante jours pour marcher à un autre rythme,
pour changer de style, pour faire le ménage, pour se purifier.
Quarante jours pour regarder les autres, pour regarder Dieu,
pour écouter la Parole du Christ
et la laisser faire son œuvre de redressement au secret de nos désirs.
Quarante jours pour être transfigurés.
Quarante jours pour grandir avec l’Évangile.
Quarante jours pour apprendre à vivre !

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Amitié-Espérance-Arc-en-Ciel propose une présence auprès de personnes éprouvées par la souffrance psychique ou liée à un état dépressif.

Le mouvement rassemble des personnes qui témoignent de l’amitié et de l’Espérance au cœur même de leur fragilité. Il se veut un lieu d’accueil, d’écoute, de partage, de rencontres, au travers des expériences de la vie ordinaire. Il permet de cheminer au sein d’un groupe, composé d’accompagnants et de personnes fragiles. L’isolement peut ainsi être brisé. Le groupe est un espace convivial où chaque personne est accueillie, écoutée…

Pour que chacune conserve toute sa dignité et prenne sa place dans la société et dans l’Église. Ce mouvement diocésain est sous la responsabilité du Service de la Pastorale de la Santé du diocèse de Pontoise.


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