Café-rencontre à Saint-Ouen-l’Aumône

Régulièrement, des personnes porteuses de handicap, des proches, des accompagnants… se retrouvent pour un temps de partage et de débats dans le café du cinéma Utopia de Saint-Ouen-l’Aumône. Les échanges y sont très libres et très profonds… Récit.

Nous voici 9 personnes ce mercredi 8 février 2023, attablés au café du cinéma Utopia pour un temps d’échange.

Au cours du temps de nouvelles, nous évoquons largement le rôle des tuteurs et curateurs, très présents dans la vie des personnes handicapées. Très ? ou trop ? ou pas assez ? Chacun le vit de façon différente, et chaque tuteur ou curateur a sa façon personnelle d’exercer cette responsabilité. Responsabilité qui est lourde, car les procédures sont complexes et pointilleuses, et chacun a de nombreux dossiers à suivre. Tout dépend donc des personnes en présence et le point principal est qu’il y ait une confiance réciproque et une transparence de ce qui se fait…

Lors de précédentes rencontres, nous avons évoqué nos attentes face à l’Eglise… Mais nous, que sommes-nous prêts à donner ?…

Lors de précédentes rencontres, nous avons évoqué nos attentes face à l’Eglise… Mais nous, que sommes-nous prêts à donner ? Comment pouvons-nous nous investir pour nourrir notre Foi et pour accompagner d’autres personnes ? pour participer à un changement de regard sur les personnes handicapées ? C’est sur ces thèmes que nous avons échange dans le café. Voici quelques échos :

  • Il faudrait qu’il y ait des personnes qui emmènent les personnes avec un handicap sensoriel à la messe… relancer des mouvements.
  • Il faudrait des groupes dans tous les secteurs ! Mais qui dit groupes, dit des accompagnateurs formés aux différents handicaps !
  • Les familles sont plongées dans les difficultés… c’est à nous d’aller vers ! oser aborder les gens ! répondre à leurs éventuelles questions… Si je ne le fais pas qui le fera ?
  • Les prêtres devraient être plus formés sur ces questions de handicap, en particulier les problèmes psychiques.
  • Les dimanches des familles avec enfants en situation de handicap ont lieu à Ermont (Pus d’infos ci-après). Et elles participent généralement à la messe dans la paroisse. Ces rencontres sont annoncées aux paroissiens. Et on leur dit qu’ils peuvent rester déjeuner, et qu’on les attend pour les rencontrer. Peu viennent ! Mais une personne m’a demandé récemment que je lui rappelle quelques jours avant.
Groupe de jeunes en plein Air

Qu’en est-il de l’inclusion des personnes en situation
de handicap dans nos célébrations ?

  • Faire changer des mentalités c’est sur des générations. Cela a commencé, mais cela va durer encore…
  • Dans les années 70, travaillant dans un labo de l’hôpital des Enfants malades, c’était la 1ère fois que je voyais un adulte trisomique 21. Alors qu’ayant une maman catéchiste spécialisée, j’étais habituée aux enfants, mais pas aux adultes… les adultes, on les cachait… et peu, à l’époque, arrivaient à l’âge adulte.
  • Dans la paroisse, il y a un groupe de jeunes musiciens. Et parmi eux un jeune trisomique qui joue de la batterie… à temps et à contre-temps ! ce qui n’est pas forcément apprécié par tous ! Un jour, une jeune fille du groupe est arrivée très triste. Ce jeune est venu vers elle, lui a pris la tête entre ses mains, en disant « chagrin d’amour ». Et elle a acquiescé… les autres n’avaient rien vu !
  • Beaucoup de gens disent « on ne sait pas comment faire, on ne sait pas quoi dire. » Beaucoup de gens sont bloqués dans la relation avec les personnes handicapées…

Les familles sont plongées dans les difficultés… c’est à nous d’aller vers ! oser aborder les gens ! répondre à leurs éventuelles questions… Si je ne le fais pas qui le fera ?

  • A la messe, est-ce qu’on vous propose d’avoir une place dans le déroulement ?
  • Cela dépend des paroisses !
  • Lorsqu’il y a des équipes liturgiques très structurées, tout est prévu à l’avance. Et il n’y a pas de place pour la spontanéité.
  • Il faudrait vraiment que l’Eglise soit plus ouverte sur toutes ces réalités.
  • Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir quelques lignes pour des témoignages sur le vécu des personnes en situation de handicap dans les bulletins paroissiaux ?
  • C’est bien dans ce but que nous essayons aussi d’avoir une visibilité sur le site diocésain, à travers des comptes rendus sur le café-rencontre, les journées des familles, les rencontres Amitié-Espérance… Est-ce que c’est lu ? autre question !

Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir quelques lignes pour des témoignages sur le vécu des personnes en situation de handicap dans les bulletins paroissiaux ?

  • Quand ma fille a commencé à travailler en ESAT (établissements ou services d’aide par le travail), je lui ai demandé de l’annoncer elle-même aux membres de la famille. Certains d’entre eux ont été bluffés par tout le chemin qu’elle a fait ! A sa naissance on croyait qu’elle allait mourir ! Elle a une résistance incroyable, et elle y arrive ! Il faut avoir confiance dans les capacités de ces personnes !
    Plusieurs de nos enfants sont en situation de handicap, et on soupçonne une pathologie génétique. Les recherches sont à reprendre. Le séquençage fin n’était pas suffisamment avancé à l’époque où cela a été fait pour eux.
  • Savoir de quoi on souffre est important. Une personne avec une pathologie psychique a reconnu combien poser un diagnostic a été essentiel pour elle, pour lui permettre d’avancer.
  • Il y a une grande frilosité chez pas mal de médecins pour annoncer une maladie. Cela ne facilite pas les choses…

Prier ensemble…

Dans ce lieu laïc qu’est le café du cinéma, bien qu’il soit fort ouvert et accueillant, nous ne pouvons pas prier, trop parler de l’Evangile… Nous nous donnons donc rendez-vous tous les lundis matin, à 9h, par la pensée et la prière, pour prier les uns pour les autres, pour et avec toutes les personnes en situation de handicap. Cela n’a pas besoin d’être long et chacun adaptera à sa propre façon de prier.
Et nous envisageons de nous donner d’autres rendez-vous, en visuel, pour parler plus de notre foi, et prier ensemble. Dans un lieu d’Eglise, proche d’une gare… à suivre !

Février 2023

 
CONTACTS

Café rencontre :
Cécile Lavernhe
cecilelavernhe4@gmail.com

Association des Paralysés de France
Val d’Oise :
4 Rue George V, 95600 Eaubonne
Tél. : 01 30 10 60 60
http://dd95.blogs.apf.asso.fr

Amitié-Espérance Arc-en-Ciel
Mouvement de partage ; de prière et de soutien pour les personnes avec une pathologie psychique.
Contact : Geneviève Robert :
robert@yahoo.fr
Tél. : 06 01 80 12 78.

« Dimanches des familles »
Les dimanches des familles avec enfants en situation de handicap sont proposés à toutes, quel que soit l’âge de leur enfant. Elles ont lieu le dimanche, 5 fois dans l’année, soit à l’évêché soit au centre Jean-Paul II à Ermont.
Contact : Laure Malesic
malesic@orange.fr
Tél. : 06 71 02 82 08

L’histoire des handicaps

Jeunes Unicef

I.H, participante à notre « Café rencontre », nous a parlé à plusieurs reprises de sa connaissance de l’histoire des handicaps, de ses recherches sur ce sujet. Recherches qui vont être facilitées par l’autorisation obtenue de pouvoir consulter les documents présents à la bibliothèque Sainte Geneviève de Paris (photo ci-dessus).

Elle raconte : « Un jour où j’y travaillais, sur l’histoire des cagots, une employée de la bibliothèque est venue me demander ce qui m’avait amené à ces recherches, dans quel but et ce que je découvrais… C’était vraiment bien ! Je souhaite partager de plus en plus ces découvertes. Dans l’Eglise comme dans la société. Mais en Eglise… j’ai déjà fait plusieurs propositions à des écoles confessionnelles, à des paroisses, pour cela… Sans réponse. Ce n’est pas forcément « la faute » des prêtres : ce sont aussi les paroissiens qu’il faut « convertir » !

Quant à la société… j’ai vite compris que le maire de ma commune m’avait prise comme « caution handicap » à des fins électoralistes, mais sans investissement réel pour la cause de personnes handicapées. J’ai été contactée par l’APF (Voir contacts ci-après) et je vais sans doute y accepter des responsabilités. Je veux continuer à être militante mais une militante « pas méchante ». Ma Foi est forte, mais je ne me reconnais pas dans la paroisse. Au repas de Noël 2022, je suis restée seule, personne n’est venu me parler. Je ne vais plus à la paroisse, je préfère ne plus y aller, et vivre ma Foi seule.

Rester seule, c’est le droit de chacun. Mais moi j’ai besoin des autres… Ce sont les autres qui me soutiennent. A la rencontre Amitié-Espérance Arc-en-Ciel (Voir contact ci-après) quelqu’un a dit quelque chose qui m’a porté tout le mois. Le fait de partager avec d’autres est essentiel

Inclure les jeunes en situation de handicap…

Jeunes Unicef

C.L. témoigne qu’il est possible d’inclure des jeunes en situation de handicap dans une équipe de servants d’autel. Sa fille l’est et en est heureuse. Elle essaie de participer aux formations. Il y a un autre grand jeune en situation de handicap présent depuis longtemps dans cette équipe. Cela ne fait plus problème pour personne !
Dans toutes les actions, il est essentiel de ne pas voir seulement les différences, manques, mais de partir de ce qui est, des capacités qui demeurent.
CL témoigne : « Le prêtre a demandé à mon fils, s’il voulait participer aux JMJ cet été. A ma grande surprise, il a accepté, alors qu’avec son handicap, il est très réservé. Ce qui est chouette, c’est que c’est le prêtre qui a fait la démarche, qui est allé vers lui. Mon fils n’aurait sans doute pas fait la demande, mais sollicité, il a été OK. Il a même refusé que j’aille avec lui voir le prêtre pour en parler, il a tenu à y aller seul !
C’est aussi à nous, familles d’enfants handicapés, de faire des démarches, de faire changer les mentalités. Je rends grâce à nos aînés, aux générations précédentes, qui ont commencé ce travail. Il y a peu encore, les familles avec un enfant handicapé se cachaient ! Nos parents ont commencé à faire quelque chose. Chacun dans son coin, mais aussi avec les associations. Malheureusement, l’Eglise n’est que le reflet de la société, la société entière était excluante ! »


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