Une veillée de prière en mémoire
du pape Benoît XVI

Mercredi 4 janvier 2023, tous les valdoisiens étaient invité à une veillée de prière à 20h à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise, en mémoire du pape émérite Benoît XVI. Lire le message de Mgr Stanislas Lalanne.

Nous voici réunis, venant de différents lieux du diocèse, pour cette veillée de prière après le décès du pape émérite Benoît XVI et à la veille de la célébration de ses obsèques demain matin à Rome.

Nous faisons mémoire ce soir de son ministère et nous rendons grâce pour ce qu’il nous a apporté à nous personnellement, à l’Eglise et au monde.

Je suis surpris et heureux du nombre de messages que j’ai reçu ces derniers jours, suite à la publication de mon hommage, de la part de fidèles – prêtres, diacres, consacrés et fidèles laïcs – mais aussi de beaucoup de personnes ayant des responsabilités dans la société civile, à des différents titres, mais ne partageant pas la foi qui est la nôtre.

Tous évoquent, avec une belle unanimité, leur admiration pour Benoît XVI, pour sa personne, son œuvre, pour ce qu’il a écrit tout au long de son ministère, rejoignant ma propre expérience personnelle, ayant eu la grâce de le rencontrer à de multiples reprises de 1969 à 2012, depuis sa mission de professeur de théologie jusqu’à son ministère de successeur de Pierre. 

Le 31 décembre au soir, le Saint-Siège a publié le testament spirituel de Benoît XVI datant du 29 août 2006. Je vous en lis quelques phrases dans lesquelles il rend grâce pour ce qui lui a été donné de vivre. Nous partageons ce soir cette action de grâce avec lui, avec ses propres mots. « Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard sur les décennies que j’ai parcourues, je vois d’abord combien de raisons j’ai de rendre grâce. Tout d’abord, je remercie Dieu lui-même, le donateur de tout bon cadeau, qui m’a donné la vie et m’a guidé à travers divers moments de confusion, me relevant toujours quand je commençais à glisser et me redonnant toujours la lumière de son visage. Avec le recul, je vois et je comprends que même les parties sombres et fatigantes de ce voyage étaient pour mon salut et que c’est en elles qu’Il m’a bien guidé. » A la fin de ce testament, il écrit : « Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur, malgré tous mes péchés et mes insuffisances, me reçoive dans les demeures éternelles. »

Oui, c’est ce que nous faisons, nous l’accompagnons ce soir dans la prière. 

Je reviens quelques instants sur mon expérience personnelle. Celle-ci est assez éloignée de ce qui a pu être dit et écrit dans un certain nombre de médias nationaux au long des années qui évoquaient un homme dogmatique, un homme de pouvoir…

Des aspects qui lui étaient complètement étrangers. J’ai toujours été frappé par sa douceur, son humanité, son humilité qui découlait du message du Christ. Aucune arrogance chez lui. Il savait écouter et comprendre s chacun de ses interlocuteurs. Je me souviens, le soir de son élection, de ses premiers mots : « Je suis l’humble ouvrier de la vigne du Seigneur. » C’est bien ainsi qu’il a accompli sa charge. C’était un homme habité, un homme inspiré, un chercheur de Dieu qui conduisait à Dieu.

Beaucoup l’ont affirmé avec raison, c’était un grand intellectuel, doué d’une capacité d’analyse comme de synthèse hors du commun. Il savait exprimer des choses compliquées simplement, sans être simpliste, aller loin dans l’abstraction tout en restant au cœur de la foi.  Il avait le souci constant, pour reprendre les mots de saint Pierre dans sa Première Lettre : « Soyez toujours prêts à rendre compte de votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect » (1 P 3, 15-16).

 Il savait aussi concilier des choses a priori difficilement conciliables. En particulier, il a montré avec clarté que la foi et la raison prennent tout leur sens quand on les conjugue. La foi sans la raison peut devenir une hérésie ; la raison sans la foi se prive de tout un champ de pensée. Et je peux ajouter que la beauté de sa langue mettait sa pensée en valeur.

Il est clair qu’il a pu parfois dérouter ses interlocuteurs car il avait le courage de dire les choses, d’oser, calmement et sereinement, remettre des certitudes en question. Il avait le courage de défendre d’autres idées que celles communément admises mais aussi de faire des choses encore jamais faites. Je pense à son courage et sa liberté d’avoir osé, avec humilité, renoncer à sa charge, annonçant, en raison de sa très grande fatigue, sa difficulté à « gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile », pour reprendre ses propres mots.

Benoît XVI aura été un grand pape. Il faudra relire, plume à la main, ses encycliques, ses livres, ses discours, ses interventions, son travail magnifique et inspirant sur le Christ. Au plus près de l’Evangile, il a placé le Christ au centre de la vie des chrétiens. Il a renforcé les fondamentaux de la foi chrétienne pour aujourd’hui et pour demain. Il n’a jamais cessé de penser, de rechercher la vérité.

Il est clair que son ministère de successeur de Pierre a été très riche sur le plan théologique. Mais il s’est révélé aussi comme un pasteur attentif à l’unité du troupeau de l’Eglise. Le souci constant d’une Eglise réconciliée l’habitait.

Je voudrais juste évoquer son souci du dialogue œcuménique, son amitié avec le frère Roger Schutz, fondateur de la communauté de Taizé. Je pense encore à son souci du dialogue interreligieux qu’il considérait comme une « nécessité vitale ». 

J’ai relu ces derniers jours un certain nombre de pages de sa première encyclique si marquante, si inspirante, « Deus caritas est », « Dieu est amour », datée de Noël 2005. Il y annonce la gratuité de l’amour de Dieu pour tous les hommes, qui aura été comme un leitmotiv de l’ensemble de son ministère et de son enseignement. Il évoque à plusieurs reprises la Première Lettre de saint Jean que nous allons écouter dans un instant. Il y cite l’un de ses maîtres à penser, saint Augustin : « Tu vois la Trinité quand tu vois la charité. »

 Cette veillée se prolongera par la lecture et la méditation de quelques-uns de ses textes, que vous avez dans vos livrets, entrecoupés de brèves pièces d’orgue sans oublier les trois violoncelles la flûte traversière, et des refrains de Taizé. Vous savez l’amour de Benoît XVI pour la musique !

Puis nous prierons grâce à une litanie d’action de grâce avant de chanter ensemble le Notre Père, en communion avec tous ceux et celles qui, dans tous les diocèses et à Rome, prient pour lui.

+ Mgr Stanislas Lalanne
évêque de Pontoise
pour le Val-d’Oise
Janvier 2023

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