Porter autre regard sur les personnes malades psychiques

Puis nous avons partagé à partir du texte que notre conseiller spirituel, Jean-Pierre, nous a adressé. Et qui est une « digestion » du dernier numéro du journal de liaison des Relais :

Quand la souffrance nous atteint à travers celle de nos proches, le Seigneur souffre à nos côtés car il est proche de chacun avec une infinie patience. Comme l’arbre apparemment malade, il lui donne inlassablement du temps pour porter du fruit.

Savons-nous reconnaître les signes de Grâce donnés par le Seigneur de la Vie pour nous aider à surmonter les épreuves ?

Pouvons-nous observer ses fruits, même les plus petits, cachés dans les ramures de l’arbre de nos existences, qu’on ne voit pas à première vue, mais qui sont bien là pour nous offrir un remède sur le chemin de l’Espérance ?

• Aux deux questions, nous répondons « parfois oui, parfois non » ! Il y a parfois des points qui nous stimulent de façon positive, mais pas toujours ! Il y a beaucoup de fluctuations.
• Ma peur, c’est pour le jour où je ne serai plus là ! Je prie pour que le Seigneur mette quelqu’un sur la route de mon fils… La maladie psychique, c’est pour la vie ! Cela ne guérira pas, sauf miracle ! Je me bats pour sensibiliser sur la maladie psychique. Elle ne prévient pas, elle arrive subitement. Mon époux est mort d’un cancer ; cela a été très dur, soudain, mais rapide… Mon fils cela sera toujours malade !
• La stigmatisation par la société fait beaucoup de mal !
• Le Christ nous dit qu’Il sera là, présent, jusqu’à la fin des temps… Cette présence, c’est important.
• Les fruits ? quand une personne est stabilisée… grâce aux progrès de la médecine… grâce aux capacités de l’Homme que Dieu a créé… grâce aux marges de progression, auxquels il nous faut croire…

• Mon fils va partir en vacances (et il a hâte) avec l’association AVEI (vacances adaptées pour enfants, adolescents, et adultes, handicapés) Cela aussi, c’est un signe d’espoir qu’une telle association qui offre un répit aux parents, et des vacances qui leur conviennent aux personnes handicapées.
• Mon fils tient beaucoup à recevoir la communion. C’est moi qui le fais, il y tient. Mais le prêtre est venu le voir. Et a dit combien c’était un acte important, quelque chose de sérieux. Mon fils est très recueilli. Cela m’ennuie et me décourage un peu qu’il ne veuille personne d’autre que moi, mais c’est ainsi. Dans cette situation comme dans d’autres, il est important de ne pas imposer, mais de proposer !
• Que mon fils ait désormais son propre appartement, pas loin de chez moi, cela aussi, c’est un fruit ! une grâce !

L’Espérance nous permet de bâtir une confiance en croissance si nous la pratiquons dans la prière, dans l’intimité avec le Christ, avec l’Esprit Saint répandu dans notre cœur, avec Marie et les grandes figures de sainteté. Ils nous font percevoir une parcelle de la Lumière divine.

Avons-nous conscience de la Passion du Christ comme chemin vers sa glorieuse Résurrection ?

Sommes-nous enracinés dans l’Espérance de notre propre résurrection, et de celle de nos proches souffrants, passage vers le dépassement de tous les obstacles, les épreuves et les échecs vécus?

Restons-nous mutuellement avec eux porteurs et receveurs de l’Espérance qui nous anime ?

• Il faut avancer dans le tunnel pour voir que la lumière est au bout ! sinon, on ne voit que l’obscurité…
• La grâce que nous avons d’avoir la Foi, c’est de ne pas avoir la tentation du suicide ???
• Notre Foi nous donne l’Espérance qu’il n’y a pas que le vide « après ». Ce n’est pas une certitude, sinon, ce ne serait pas une Foi ! La Foi est liée à la confiance, à l’Espérance…
• Notre espérance, c’est aussi que dans l’éternité, tout le monde est pareil ! que toutes les difficultés sont effacées. Sinon, les personnes handicapées, cela ne les intéresse pas l’éternité !
• Nous avons la Foi, mais là comme sur d’autres sujets, nous ne pouvons pas aller au-delà des propres désirs des personnes. Mais nous devons témoigner que nous croyons qu’un avenir meilleur est possible pour eux ! Et pas que dans l’éternité !

La colère nous submerge lorsque les injustices dont sont victimes nos proches souffrants nous sont insupportables. Le Seigneur les entend avec miséricorde. Il sait qu’elles ne sont pas au final dirigées  contre un prochain ignorant, épargné de situations tragiques potentiellement destructrices.

Exerçons-nous notre volonté à orienter notre colère dans une attitude positive du cœur et un comportement de relation tourné vers la réparation de l’injustice auprès de ceux qui font preuve d’incompréhension ou de manque de compétence ?

Invitons-nous d’autres parents à rejoindre les Relais Amitié Espérance pour progresser ensemble ?

• Les injustices ? c’est d’abord celle de la maladie ! Mais aussi celles de la société ; la stigmatisation, le manque de structures adaptées, les incompétences ou / et inconnaissances des gens… y compris certains professionnels !
• Il nous faut faire de notre colère un levier pour lutter. Au lieu que cette colère nous replie sur nous-même, il nous faut agir pour informer… faire comprendre que les personnes malades psychiques ne sont ni des personnes dangereuses ni des « fous »… refuser la stigmatisation… faire connaître la maladie psychique, afin qu’il y ait un autre regard sur les personnes malades… Ce n’est pas pour rien que la revue de l’UNAFAM (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.) soit intitulée « un autre regard » !
• Pour avoir cette force-là, il est important de se retrouver pour partager. Malheureusement, nous déplorons toujours le petit nombre de membres de notre relais… et le fait que nous n’arrivons pas à toucher d’autres personnes, malgré nos efforts pour faire con aître notre mouvement.