Messe de rentrée de
l’Enseignement Catholique

Homélie de Stanislas Lalanne
Messe de rentrée de l’enseignement catholique
Cathédrale Saint-Maclou
Vendredi 6 octobre 2023

Peut-être, connaissez-vous l’histoire de cet enfant qui visitait avec son père une église comme celle de la cathédrale, avec de très beaux vitraux ! L’enfant lui demanda qui étaient les personnages qu’il voyait représentés sur les vitraux. Et le père de répondre à son enfant : « Eux, mon fils, ce sont les saints. » Et l’enfant de répondre aussitôt à son père : « Alors les saints, ce sont ceux qui laissent passer la lumière ! » Belle définition des chrétiens !

Etre saint ce n’est pas être parfait, ce n’est pas atteindre la sainteté à la force du poignet, à la force des mérites. C’est être traversé par Dieu, se laisser traverser par sa lumière ! Les Béatitudes que nous venons d’entendre ne disent pas autre chose.

Le pape François a publié avant-hier, pour la fête de saint François d’Assise, une exhortation apostolique dont le titre est Laudate Deus, « Louez Dieu ». Dans cette exhortation, il partage avec toutes les personnes de bonne volonté sa profonde préoccupation concernant la sauvegarde de la Maison commune, dans notre planète éprouvée.

Eh bien, dans ce contexte de tensions, d’incertitude sur l’avenir, les Béatitudes nous provoquent à devenir des artisans de paix, de justice, de douceur…

La vie des saints et des saintes, dont pour beaucoup nous portons les noms nous rappelle que les Béatitudes ne sont pas seulement des mots ou de belles idées mais une réalité qui, peu à peu, transforme le monde !

Etre saint, comme le suggèrent les Béatitudes, ce n’est pas avoir toutes les qualités pour réussir dans la vie ! Ce n’est pas obligatoirement avoir les meilleures notes en classe, ni être le professeur le plus pédagogue. Ce n’est pas être parfait ! C’est s’en remettre à Dieu qui passe à travers les failles de nos vies souvent bien imparfaites.

Les saints ne sont pas forcément des gens brillants, mais ils rayonnent. Et c’est contagieux, une bonne et contagion, bien plus forte que celle d’un virus… Comme les vitraux, les saints sont beaux parce qu’ils sont traversés par la lumière de Dieu.

Mais attention, si les saints ont en commun de s’être tous laissés traverser par la lumière de Dieu, ils ne se ressemblent pas tous pour autant !

En effet, la sainteté ne neutralise pas les talents ou le caractère singulier de chacun. Au contraire, elle les déploie ! Tout en appartenant à une même famille, chaque saint est unique.

Chaque saint garde sa personnalité singulière. Pourquoi ? Parce qu’être saint, ce n’est rien d’autre que révéler nos charismes, laisser la lumière de Dieu mettre au jour les dons qu’il a déposés en nous !

Nous vivons dans une société dominée par le culte des résultats, de la performance à tout prix. Nous ne pouvons pas accepter que l’éducation soit une valeur marchande !

Car nous croyons qu’il y a dans l’éducation, dans cette mission éducative, une autre exigence ou une autre perception des réalités : un être humain, et d’abord un jeune, surtout s’il a du mal à aimer la vie, vaut plus que tout l’or du monde.

Chaque jeune doit être regardé, non pas comme un objet de savoir, mais :

• comme un enfant de Dieu dont on désire éveiller la liberté, la conscience et la foi chrétienne,
• comme un enfant de Dieu appelé à la sainteté, appelé au bonheur.

Cela passe par un travail incessant d’accueil, de dialogue, d’attention aux autres, de foi et de charité. Les béatitudes doivent imprégner tout le projet et l’activité éducative de l’établissement scolaire comme sa source.

Permettez-moi de terminer en vous partageant quelques brèves convictions, en droit fil de l’Evangile et qui peuvent guider votre action.

1 – Vos établissements accueillent chaque élève comme une personne unique aux yeux de Dieu, même s’il ne le sait pas ou mal, voire même s’il y a en lui un rejet.

2 – Vos établissements sont ouverts à tous parce que Jésus n’est pas venu pour une catégorie de justes et de bien portants, mais pour ceux qui ont le plus besoin de sa miséricorde, pour les pauvres, les malades et les pécheurs.

3 – L’Ecole catholique accueille tout le monde, mais elle n’a pas peur d’être elle-même, elle n’a pas peur de l’affirmer et d’être une école dont les fondements sont la personne du Christ, le Ressuscité.

Je suis conscient que votre mission est très belle mais également lourde, délicate, exigeante. Vous avez à gérer cette situation paradoxale :

• être une institution d’Eglise dont la raison d’être n’est pas simplement de transmettre la foi catholique à des esprits encore malléables,
• mais d’aider des jeunes, chrétiens ou non-chrétiens, à progresser dans la prise de conscience de leur identité personnelle, de leur liberté et de leur capacité de choix intérieur.

Nous savons que c’est dans cette relation éducative que se dévoile peu à peu la grandeur personnelle de la liberté humaine. Alors, je vous invite à puiser vous-mêmes dans la relation au Christ, qui vous appelle chacun par votre nom, les forces nécessaires pour accomplir votre mission tellement vitale aujourd’hui.  

Je tiens à vous remercier pour la manière dont vous inscrivez votre travail, votre engagement, souvent difficile, comme une réponse à l’appel de Dieu. Je tiens à vous dire mon estime profonde, personnelle et celle de tout le diocèse. Appuyons-nous les uns sur les autres avec douceur, modestie, audace et confiance. Amen.