L’art de célébrer :
les postures de la liturgie

L’« art de célébrer » implique une participation active de tous les baptisés à la liturgie. À travers les postures fondamentales – se tenir debout, s’asseoir, s’agenouiller –, l’assemblée exprime son unité et approfondit sa relation au Christ ressuscité. Eclairages.

«L’art de célébrer », dit le pape François dans sa lettre sur la formation liturgique, « est certainement l’une des façons de prendre soin des symboles de la liturgie et de croître dans une compréhension vitale de ceux-ci. » (DD n°48). Le déploiement de cet art de célébrer est la condition pour que la liturgie fasse pleinement son œuvre en nous et puisse former notre être chrétien. Se laisser former par la liturgie requiert qu’elle soit mise en œuvre avec art. Or cet art n’est pas le fait des prêtres seulement, nous dit le Pape : il s’agit d’une attitude qui concerne tous les baptisés (n°51), appelés à une participation active à la liturgie. A juste titre, les fidèles attendent du prêtre qu’il célèbre bien la messe ; en retour, on est en droit d’attendre des fidèles qu’ils célèbrent avec justesse, car la liturgie est une œuvre de toute l’Eglise !

Les attitudes communes à tous les participants sont un signe de l’unité des membres de la communauté chrétienne rassemblée dans la sainte Liturgie.

Cet art de célébrer passe par « tous les gestes et les paroles qui appartiennent à l’assemblée : se rassembler, marcher en procession, s’asseoir, se tenir debout, s’agenouiller, chanter, se taire, acclamer, regarder, écouter. Ce sont autant de façons par lesquelles l’assemblée, comme un seul homme (Ne 8,1), participe à la célébration. » (n°51) C’est une manière de vivre les gestes « dans la conscience d’être un seul corps », et non comme des attitudes individualistes. En cela, cet art de célébrer demande une « discipline » qui, si elle est observée, nous forme authentiquement : “ce sont des gestes et des paroles qui mettent de l’ordre dans notre monde intérieur” (n°51)

L’art de célébrer ne peut se réduire à la stricte observance des « bonnes manières liturgiques » : il s’agit plutôt de prendre au sérieux le style de prière que l’Eglise nous propose, en nous laissant conduire par les rites et les symboles pour entrer en relation avec le Christ ressuscité.

Cela correspond à ce que nous dit la PGMR au n°42 :

Les gestes et les attitudes du corps, tant ceux du prêtre, du diacre ou des ministres, que ceux du peuple doivent viser à ce que toute la célébration manifeste une belle simplicité, que soit perçue toute la vraie signification de ses diverses parties et que soit favorisée la participation de tous.
Les attitudes communes à tous les participants sont un signe de l’unité des membres de la communauté chrétienne rassemblée dans la sainte Liturgie ; elles expriment et développent l’esprit et la sensibilité des participants.

Pour pratiquer avec art les attitudes et les gestes que nous propose la liturgie, il faut grandir dans une compréhension vitale de ceux-ci (48).

Nous commençons dans cette lettre par rappeler le sens de 3 postures fondamentales dans la liturgie : se tenir debout, se tenir assis et s’agenouiller. D’autres gestes seront détaillés prochainement.

La verticalité est le propre de l’homme, elle symbolise sa qualité de médiateur entre le ciel et la terre.

Se tenir debout

(PGMR n°43) : « Les fidèles se tiendront debout du début du chant d´entrée (quand le prêtre se rend à l’autel) jusqu´à la prière d´ouverture (collecte) incluse ; au début du chant de l’Alléluia avant l´Évangile ; pendant la proclamation de l´Évangile ; pendant la profession de foi et la prière universelle ; et depuis l’invitation « Prions ensemble » avant la prière sur les offrandes jusqu’à la fin de la messe».

C’est la position la plus importante de la messe. La station debout est l’attitude biblique la plus commune pour prier. La verticalité est le propre de l’homme, elle symbolise sa qualité de médiateur entre le ciel et la terre. Dans le Livre de Samuel, Anne est « la femme qui se tenait debout près de [Élie] priant Adonaï » 1S1,26.

Plus encore, dans le culte chrétien, se tenir debout manifeste que par le baptême nous sommes déjà ressuscités, “relevés d’entre les morts”, comme l’atteste saint Augustin “Nous prions debout parce que c’est un signe de résurrection”. Se mettre debout, c’est donc l’attitude du vivant.

Être debout indique notre attention – notre éveil (il est très difficile de dormir debout !) et notre respect (on se lève quand quelqu’un entre dans la pièce où on se trouve). Elle montre notre disponibilité à être ce que le Christ souhaite de nous .Quand nous nous levons avant la lecture de l’Évangile, nous exprimons notre disposition à répondre à la parole que nous allons entendre.

Remarque : la station debout concerne l’ensemble des rites d’entrée, jusqu’à la avec la prière d’ouverture ; l’Evangile; et enfin toute la liturgie eucharistique, à partir de la prière sur les offrandes – et donc y compris pendant la prière eucharistique. Se tenir debout pendant la prière eucharistique, hormis le moment de la consécration où nous sommes invités à être à genoux, est une manière de s’associer à l’action de grâces du Christ à travers la prière du prêtre.

S’asseoir après la communion laisse s’accomplir en nous ce mystère et permet de rendre grâce.

Être assis

(PGMR n°43) : « Les fidèles seront assis pendant les lectures qui précèdent l´Évangile et le psaume responsorial ; à l´homélie et pendant la préparation des dons pour l’offertoire ; et si on le juge bon, pendant un temps de silence sacré après la communion. »

Pendant des siècles, nos églises étaient vides. Le peuple venait plutôt y trouver asile, y prier, profiter de la fraîcheur ou s’y reposer. Au Moyen-Age, elles étaient des lieux de vie ; on y dansait et on y festoyait lors des grandes fêtes. A partir du XVIè, avec l’allongement des prêches, les bancs, puis les chaises apparaissent dans nos églises. L’usage des chaises se généralise à partir de 1870.

A 3 moments dans la messe, la liturgie nous invite à nous asseoir ; chacun de ces moments a une signification légèrement différente :

  • lors des lectures et pendant l’homélie : il s’agit d’une position de repos, de quiétude, pour favriser l’écoute et la disponibilité à la Parole. S’asseoir, c’est rompre les allées et venues anxieuses de Marthe pour se rendre attentif à l’essentiel.
  • pendant la présentation des dons, la position assise favorise la prière personnelle. Les Pères du désert utilisaient l’expression « se tenir assis » pour désigner leur offrande à Dieu. S’asseoir était à leurs yeux synonyme de s’installer dans une prière durable, de s’établir sous l’ombre du Bien-Aimé : « J’ai désiré son ombre [celle du Bien-Aimé] et je m’y suis assise » (Ct2,3). Un moine russe du Mont Athos expliquait que la meilleure façon d’entrer en méditation était de s’asseoir comme une montagne.
  • après la communion : ici, la position assise manifeste aussi une dignité royale. La chair et le sang que le Christ nous donne en nourriture nous permettent désormais de participer à son Éternité. S’asseoir après la communion laisse s’accomplir en nous ce mystère et permet de rendre grâce.

Nous nous prosternons devant un Dieu qui s’est d’abord agenouillé devant nous pour laver nos pieds…

S’agenouiller

PGMR n°43 (3) : « Les fidèles s´agenouilleront pour la consécration, à moins que leur état de santé, l’exiguïté des lieux ou le grand nombre des participants ou d’autres justes raisons ne s’y opposent. »

Dans la tradition de l’Eglise ancienne, se mettre à genoux était avant tout une attitude pénitentielle et implorative (voir par exemple la parabole du publicain et du pharisien en Lc 18). Au cours des siècles, elle est devenue aussi une attitude d’adoration. L’agenouillement pendant la consécration signifie qu’on reconnait et qu’on adore la présence réelle du Christ dans l’eucharistie.

Dans sa lettre, le pape François développe : “Nous nous agenouillons pour demander pardon, pour plier notre orgueil, pour présenter à Dieu nos larmes, pour implorer son intervention, pour le remercier d’un cadeau reçu. C’est toujours le même geste qui, au fond, déclare notre propre petitesse en présence de Dieu.” S’agenouiller traduit donc une attitude d’humilité. Poser ce geste, c’est marquer du respect, et c’est aussi reconnaître que Dieu est à l’origine de toute vie : « Devant moi, tout genou fléchira » (Is 43,33).

Mais ce n’est pas une position servile, comme nous le rappelle Benoît XVI : « s’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun autre pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous nous prosternons devant un Dieu qui s’est d’abord agenouillé devant nous pour laver nos pieds… ».

Janvier 2025

CONTACT

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Pastorale Liturgique et Sacramentelle
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