La profession de foi 
des jeunes dans la liturgie

Moment fort de l’itinéraire catéchétique, la profession de foi invite les jeunes à affirmer publiquement leur adhésion à la foi de l’Église. Entre rite de passage, expression personnelle et célébration communautaire, quelle est la signification profonde de cette étape sur le chemin de la foi ?

Qu’en est-il de cette pratique liturgique héritière de saint Vincent de Paul et devenue au fil du temps « Communion Solennelle », « Profession de Foi », puis dans certaines communautés, « Fête de la Foi » ?

Quelle est l’origine de cette cérémonie ?

Cette « Profession de Foi » succède à la cérémonie de la « Communion Solennelle » ; celle-ci a elle-même une histoire complexe. À partir du XVIIe siècle, sous l’influence notamment de saint Vincent de Paul, la Première Communion prend en France la forme d’une cérémonie solennelle, à la fin du catéchisme. Elle devient alors au XIXe siècle un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte.

Lorsque le pape Pie X en 1910 demande que l’on admette à l’eucharistie les enfants dès « l’âge de raison » (vers 7 ans), on appelle cette première communion « Communion Privée » et on continue de célébrer la « Communion Solennelle » vers 12-13 ans, comme couronnement de l’enfance et du catéchisme.

Dans les années 1960, la Communion Solennelle devient une « Profession de Foi » en lien avec la profession de foi baptismale de la vigile pascale. Certaines aumôneries poussent le côté festif pour la communauté et les familles l’appelant parfois « Fête de la Foi ».

Ce qui est proposé ici aux jeunes c’est d’adhérer personnellement à la foi de l’Eglise, reçue des Apôtres.

Aspect religieux et aspect social de la profession de foi

Si dans les usages la Profession de Foi a remplacé la Communion Solennelle, il ne s’agit pas tout à fait de la même chose : la première renvoie au baptême, alors que la seconde était plus centrée sur l’eucharistie.

Dans les deux cas, il s’agit de proposer à un jeune de manifester publiquement son adhésion à la foi de l’Église. Les jeunes sont mis en valeur lors d’une liturgie, entourés des membres de la communauté, mais aussi de leurs familles pour qui c’est généralement un moment important, quel que soit leur degré d’investissement dans la vie chrétienne.

Ce qui est proposé ici aux jeunes c’est d’adhérer personnellement à la foi de l’Eglise, reçue des Apôtres.

Parce que l’adolescence est l’âge de la construction de son identité, souvent, ces jeunes sont invités à écrire de façon intime une « profession de foi individuelle », avec leurs propres mots. Cet exercice a pour objectif principal d’aider à réaliser que la foi est une expérience transmise et reçue dans l’Eglise.

Il n’existe aucun « rituel » officiel de profession de foi, si ce n’est dans l’ensemble plus vaste qu’est le rituel pour l’initiation chrétienne des adultes, ou pour les plus jeunes, dans le rituel du baptême des enfants en âge de scolarité. Ce sont donc ces sources qui pourront inspirer les démarches proposées. Dans ce numéro de Liturgie-Infos, vous trouverez une proposition de déroulé.

Dans tous ces cas, il faut souligner le rôle de l’assemblée invitée à professer la foi de l’Eglise, comme l’exprime l’une des propositions du Rituel du baptême des enfants en âge de scolarité : « Il en va toujours ainsi dans l’Eglise : c’est elle qui soutient chacun de nous ; c’est sa Foi qui soutient notre foi. En ce jour encore, elle va vous transmettre les mots qui vous permettront de dire votre foi. » §104 RR 352

Cette occasion donnée aux jeunes d’exprimer leur foi (…) permet aussi à la communauté d’être vivifiée par leur acte de foi.

Ainsi, il n’est jamais juste de substituer l’expression de foi personnelle des jeunes à celle de l’assemblée ; il s’agira de rechercher une façon d’articuler l’une à l’autre. Le texte écrit par les jeunes pour l’occasion, trouvera donc sa place à la suite (et non « à la place » ou « avant ») cette profession de foi de l’assemblée, et d’ailleurs sans doute pas immédiatement après et ce, pour la raison que résume la PGMR, au §67 : « Le Symbole, ou profession de foi, vise à ce que tout le peuple rassemblé réponde à la parole de Dieu annoncée dans les lectures de la sainte Ecriture et expliquée dans l’homélie, et, en professant la règle de la foi dans une formule approuvée pour l’usage liturgique, se rappelle et professe les grands mystères de la foi avant que ne commence leur célébration dans l’Eucharistie. »

Ce qui est en jeu ici pour toute l’Eglise n’est pas l’expression personnelle de la foi mais celle de la « règle de la foi », héritée des Apôtres, que l’Eglise reçoit et accueille comme « réponse » à la Parole de Dieu.

Ces précisions indiquent qu’il n’est pas possible d’être « seul » pour professer la foi de l’Eglise. Même lorsque la liturgie invite une personne à prononcer un « Je crois », celui-ci n’est jamais séparé du « Nous croyons » dans lequel il se situe. 

C’est donc l’articulation des expressions de foi qui est à rechercher et bien des schémas sont possibles pour l’occasion. La manifestation aurait tout son sens au moment de l’action de grâce ou de l’Envoi, remplissant ainsi un rôle de rappel de cette vocation à témoigner, important pour toute la communauté.

Cette occasion donnée aux jeunes d’exprimer leur foi peut être justement une étape qui les conduit à attester que, par l’Esprit, ils proclament la foi en Jésus Christ et Seigneur, mais permettent aussi à la communauté d’être vivifiée par leur acte de foi.

les différentes pratiques qui existent autour de la profession de foi peuvent être élaborées et vécues comme des étapes vers une vie chrétienne plus mature qui conduit les jeunes vers le sacrement de la Confirmation.

Il est de notre responsabilité de donner comme un jaillissement à cette expression de la foi et de la rendre accessible au plus grand nombre. Désormais capables de s’exprimer, ils peuvent à leur tour dire ce « Je crois » que d’autres avaient prononcé pour eux.

La communion solennelle comme la profession de foi à l’origine est une des étapes significatives dans l’itinéraire croyant des jeunes. Elles marquent la fin de la période de l’enfance et le début de l’âge adulte, la fin d’un cycle de catéchèse et le début d’une vie chrétienne mature…

Le besoin de rites, à l’âge des « passages », est essentiel. Pouvoir marquer des étapes sur son chemin vers la vie adulte permet tout autant aux jeunes de se projeter qu’aux adultes de reconnaître le chemin accompli et d’encourager pour celui à venir.

Les différentes pratiques qui existent autour de la profession de foi peuvent être élaborées et vécues comme des étapes vers une vie chrétienne plus mature qui les conduit vers le sacrement de la Confirmation.

Le caractère public et solennel est signe de l’importance que nous y accordons, mais est aussi la marque d’un engagement dans lequel il nous faudra les aider à persévérer.

Les diocèses qui ont conservé ce « rite » d’une solennisation de la profession de foi des jeunes témoignent d’une diversité de pratiques. La question est moins l’âge, que le sens qu’on lui donne. Vécue autrefois comme la cérémonie de « fin du caté », il est possible aujourd’hui de donner aux fêtes de la foi des perspectives nouvelles.

Ce signe-là peut contribuer à rappeler à toute la communauté qu’elle n’a jamais fini de dire « nous croyons » en Eglise, de s’approprier cette foi et d’en témoigner auprès des hommes et femmes de notre temps.

Mai 2025
Photo : Freepik

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