
Béatification de René Ponsin
et 49 compagnons
Le 20 juin 2025, le pape Léon XIV a signé un décret reconnaissant le martyre de 50 Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945. Parmi eux, René Ponsin qui a longtemps été un paroissien de Brice-sous-Forêt. La messe de béatification aura lieu le samedi 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris.
René Ponsin (1923-1945) — Un témoin de foi au cœur de la nuit
René Ponsin voit le jour le 30 septembre 1923 à Cœuvres-et-Valsery, dans l’Aisne, au sein du diocèse de Soissons. Il est le fils de Henri Ponsin et Marguerite Boudin. Quelques semaines plus tard, le 11 novembre, il reçoit le baptême dans l’église de sa paroisse natale.
Jeune homme simple et travailleur, René grandit dans une famille profondément chrétienne. Le 12 juin 1943, alors qu’il bénéficie d’une permission, il épouse Lucienne Vigneron à Saint-Brice-sous-Forêt, en région parisienne. Le couple s’installe au 44, rue de Paris, puis au 46, avenue des Tilleuls.
Leur bonheur est illuminé, le 29 mars 1944, par la naissance de leur fille Anne-Marie, que la maladie met aussitôt en danger. Par crainte de la perdre, l’abbé R. Chuette, curé de Saint-Brice, la baptise d’urgence à domicile. L’enfant survivra et recevra le complément du sacrement en avril 1947.
René travaille comme commis épicier à l’épicerie Hérou de Saint-Brice-sous-Forêt. Il se distingue par sa foi joyeuse et son engagement au service des autres. Proche de la Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.), il partage son idéal de dignité du travailleur et de solidarité fraternelle.
Mais en décembre 1942, la guerre le rattrape : il est réquisitionné pour partir travailler en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire.
Affecté dans une usine à Cologne, René découvre la dure réalité du travail forcé. Là, il rencontre des prisonniers de guerre français, parmi lesquels des scouts. Il se lie d’amitié avec eux et, malgré la surveillance nazie, trouve des moyens discrets de les soutenir.
Déguisé en soldat grâce à un uniforme emprunté, il pénètre régulièrement dans le Kommando 624 pour participer à la messe dominicale et à des réunions d’action catholique interdites. Il sert aussi d’intermédiaire pour le courrier, profitant de la moindre liberté que lui laisse son statut de travailleur civil. Ainsi, il devient pour beaucoup un frère dans la foi, un soutien spirituel au cœur de l’épreuve.
À Cologne, René s’indigne de l’immoralité encouragée par les autorités nazies, qui cherchaient à transformer les prisonniers de guerre en travailleurs civils afin de les priver de la protection de la Convention de Genève. Pour les y inciter, elles recouraient à des moyens honteux : prostitution organisée, lettres mensongères insinuant l’infidélité des épouses, propagande perfide.
Lorsque René apprend qu’une maison close, alimentée par des femmes françaises, a été ouverte pour ces prisonniers, il proteste fermement auprès des autorités locales. Sa démarche courageuse aboutit : l’établissement est fermé.
Mais cet acte de conscience, comme ses activités religieuses, ne pouvait qu’attirer l’attention de la police.
Le 23 septembre 1943, René Ponsin est arrêté par la Staatspolizei de Cologne en application du décret nazi du 3 décembre 1943 interdisant toute action catholique parmi les travailleurs français. Interrogé, puis détenu à la prison de Cologne, il est finalement déporté le 24 février 1944 au camp de Buchenwald (matricule n° 20846). Il sera ensuite transféré successivement aux Kommandos de Dora, Harzungen et Hellrich, où il partage la souffrance et la foi de milliers d’hommes broyés par le système concentrationnaire.
Le 22 avril 1945, alors que les camps sont évacués devant l’avancée des Alliés, René est abattu d’un coup de feu à Falkenstein, en Haut-Palatinat, au cours d’une marche forcée. Il avait 21 ans.
(Note biographique par Dominique MORIN
complétée par l’abbé Gregor PRICHODKO,
curé de Saint-Brice)
13 novembre 2025

La messe de béatification, présidée par le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, se tiendra le samedi 13 décembre 2025 en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
En raison des capacités d’accueil de la cathédrale Notre-Dame de Paris et du caractère national de la célébration, l’accès se fera uniquement sur présentation d’un document d’accès. L’entrée sera réservée aux familles des 50 futurs bienheureux et aux délégations des diocèses, congrégations et mouvements auxquels ils appartenaient. La célébration pourra être suivie sur KTO télévision qui la retransmettra intégralement.



