
Accompagner la vie jusqu’au bout !
Alors que l’Assemblée nationale examine un projet de loi sur « l’aide à mourir », Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise, s’exprime sur les enjeux humains, éthiques et spirituels soulevés par ce débat. Il rappelle l’importance d’un accompagnement respectueux des personnes fragilisées par la maladie, dans une fidélité à la dignité de toute vie humaine jusqu’au bout.
Accompagner la vie jusqu’au bout !
Réaction de Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise
Mai 2025
Ce 12 mai, le débat sur la fin de vie fait son retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, s’est exprimé : « Le choix de faire mourir et d’aider à se tuer n’est pas celui du moindre mal. C’est celui de la mort tout court. Il faut le dire sans mentir et sans se cacher derrière les mots. Faire mourir ne peut être le choix de la fraternité ni de la dignité ». Dans cette « aide à mourir », je vois, personnellement, un tournant particulièrement préoccupant et dangereux. Celles et ceux qui sont engagés dans le service fraternel des soins palliatifs se sentent remis en cause dans cet accompagnement. Que l’on parle d’aide au suicide ou d’exception d’euthanasie, les questions sont vertigineuses et les débats peu confortables. Mais il nous faut réagir.
Nous n’oublions pas l’expérience toujours éprouvante du travail du trépas, l’épreuve des personnes gravement malades ou handicapées, la solitude des soignants, le désarroi de certaines familles mais aussi le manque de structures appropriées. Les interrogations existentielles ne manquent pas : accompagner vers la mort, mais comment ? Qui a le pouvoir sur la vie et sur la mort ? Qu’est-ce que le droit de mourir dans la dignité ? Mais alors qu’est-ce que la dignité inaliénable ? Pour Marie de Hennezel : « La loi sur l’aide à mourir n’est ni juste, ni équilibrée, ni fraternelle ».
Devant l’homme et la femme en souffrance, l’humanité a, peu à peu, laissé émerger une attitude de protection : « Tu ne tueras pas ». C’est aussi, pour les chrétiens, un commandement de Dieu. Il est présent dans le serment d’Hippocrate et présenté comme un interdit fondateur par le philosophe Emmanuel Levinas. Cet interdit est, en effet, au fondement de toute vie sociale respectueuse d’autrui, spécialement des plus faibles et de ceux qui en viennent à douter de la valeur de leur propre vie. Il est de la plus haute importance de ne pas affaiblir la force d’un tel repère. Assurément, la transgression de cet interdit en appellera d’autres.
Dans le contexte mouvant de nos sociétés, et notamment au sujet de la loi sur la fin de vie, n’est-il pas de notre mission, plutôt que de hâter la mort, d’accompagner fraternellement la vie humaine jusqu’au bout ?
Mgr Benoît BERTRAND,
Evêque de Pontoise
Crédit photo : Hermine H

Le 6 mai 2025, le président de la CEF, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a réagi aux propos du Président de la République et dénonce le refus d’aider jusqu’au bout.
Non, Monsieur le Président, le choix de faire mourir et d’aider à tuer n’est pas celui du moindre mal. C’est celui de la mort tout court. Il faut le dire sans mentir et sans se cacher derrière les mots.
Faire mourir ne peut être le choix de la fraternité ni de la dignité. C’est celui de l’abandon et du refus d’aider jusqu’au bout.
Cette transgression pèsera sur les plus fragiles et les plus seuls de notre société.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort,
Président de la Conférence des évêques de France