JMJ 2023 à Lisbonne :
le retour !

Cet été, près de 750 jeunes du Val-d’Oise ont participé aux JMJ à Lisbonne. Samedi 16 septembre 2023 à l’église Notre-Dame d’Eaubonne avait lieu la rencontre « retour ». Lire l’homélie de Mgr Stanislas Lalanne.

Homélie de Mgr Stanislas Lalanne 
à Eaubonne, 
samedi 16 septembre 2023

Chaque jour, au moins une fois, nous adressons à Dieu cette prière dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »

Et peut-être, à force, arrive-t-il que nous ne soyons plus très conscients de ce que nous disons ! L’Evangile de ce dimanche donne une profondeur nouvelle à cette prière qui nous est si familière.

Les indications que Jésus donne à ses disciples sur la manière de vivre au sein de la communauté sont déjà une indication sur nos propres mœurs. Lorsque saint Pierre demande à Jésus combien de fois il doit pardonner à son frère qui lui a fait du tort, il met en évidence que la communauté des disciples du Christ n’était épargnée par aucun des travers de la communauté sociale.

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

Il y avait entre les disciples des jalousies, des compétitions, peut-être des actions malveillantes. Et la question se posait de savoir si, en étant disciple du Christ, on pouvait traiter ces situations conflictuelles à la manière de tout le monde ou s’il fallait une règle plus particulière qui concerne la communauté des disciples du Christ.

Est-ce qu’il va falloir que je pardonne jusqu’à sept fois ? Ce qui est énorme parce que cela veut dire que le mal qu’on lui a fait s’est répété au-delà de toute mesure ! 

La réponse du Christ est encore plus énorme : « Je ne te dis pas 7 fois, mais 77 fois sept fois. » C’est-à-dire, si l’on s’en réfère à la symbolique des nombres dans la Bible, un nombre de fois illimité. Le pardon que l’on doit s’accorder les uns aux autres ne peut pas avoir de limite. Cela peut paraître excessif ! Et nous devons comprendre, comme Jésus va le faire percevoir à travers la parabole qu’il va ensuite développer, qu’il y a, d’une certaine façon, deux approches du pardon.

Il y a d’abord une première approche « économique », c’est-à-dire : il faut pardonner pour être pardonné. Finalement, l’objectif que nous poursuivons en pardonnant, c’est de mériter de la part des autres qu’ils exercent le pardon à notre endroit. On pourrait dire que c’est une manière d’exercer les relations humaines non pas selon le principe de violence mais selon le principe de sagesse.

Si Jésus appelle Pierre à pardonner 70 fois 7 fois, ce n’est pas pour fixer une exigence extraordinaire ! C’est plus probablement pour exprimer quelque chose qui échappe à nos mesures.

 C’est ainsi que la lecture du livre de Ben Sira le Sage nous présente l’impératif du pardon et de la miséricorde : « Pardonnez sinon vous ne serez pas pardonnés. » C’est évidemment une première approche du pardon qui met en balance notre propre intérêt. Mais la parabole que Jésus raconte nous ouvre un second registre qui n’est plus du même ordre.

 Si Jésus appelle Pierre à pardonner 70 fois 7 fois, ce n’est pas pour fixer une exigence extraordinaire ! C’est plus probablement pour exprimer quelque chose qui échappe à nos mesures. On peut pardonner une fois, deux fois, trois fois…, mais 77 fois 7 fois c’est d’un autre univers mathématique, cela n’est pas de l’ordre de notre comptabilité personnelle.

 Pourquoi le Christ appelle-t-il à ce pardon sans limite ? C’est ce que développe ensuite la parabole du roi et de ses serviteurs. Il peut demander ce pardon sans limite parce que Dieu, – ici le roi à l’égard de ses serviteurs -, a pardonné d’une façon extraordinaire.

 Compte tenu de la somme importante que lui devait son serviteur et qui était inimaginable à rembourser, Dieu lui remet sa dette parce qu’il est saisi de pitié. Il pose un acte de miséricorde sans raison économique : c’est la surabondance de la miséricorde de Dieu qui s’exerce à l’égard de son serviteur. 

C’est parce que nous sommes confrontés à l’immensité sans limite de ce pardon que nous sommes invités modestement, à notre place, à exercer le pardon pour des choses beaucoup moins importantes.

 C’est parce qu’il a été surabondamment pardonné, au-delà de toute imagination humaine, que Dieu attend de ce serviteur que lui-même exerce le pardon, même si c’est à une moindre échelle comme le montrera la suite de l’histoire.  Que pouvons-nous en déduire ? Nous sommes, chacun d’entre nous, l’Eglise entière, l’humanité entière, débiteurs devant Dieu d’un trésor colossal qui échappe à nos mesures.

 Certes, nous pouvons évaluer comment nous avons manqué à cet amour. Nous pouvons identifier dans notre vie des actes qui sont des offenses à Dieu. Nous pouvons lui demander pardon pour ces actes, mais jamais nous ne pourrons constituer un remboursement qui soit à la mesure du pardon que Dieu accorde.

C’est parce que nous sommes confrontés à l’immensité sans limite de ce pardon que nous sommes invités modestement, à notre place, à exercer le pardon pour des choses beaucoup moins importantes.

Ce mauvais serviteur a refusé non seulement d’exercer la miséricorde à l’égard de son débiteur, mais il a aussi refusé de voir et de comprendre à quel point le roi lui avait offert un pardon colossal.

Le pardon de Dieu et la mesure de notre pardon, c’est notre espérance.

Etre chrétien, ce n’est pas être parfait. Etre chrétien, c’est cheminer vers la perfection. Dans ce chemin, nous commettons beaucoup de fautes, nous portons beaucoup de faiblesses, nous sommes chaque jour devant Dieu comme des débiteurs incapables de rembourser leur dette.

Si Dieu exerce de façon aussi immense sa miséricorde et son pardon, ce n’est pas parce qu’il ferme les yeux sur le mal qui ravage l’humanité ! C’est parce qu’il a donné le seul prix qui correspond à ce dommage, c’est-à-dire la vie de son Fils.

Nous ne pouvons pas nous approcher du Christ comme des pécheurs repentants si nous n’acceptons pas de recevoir cette plénitude du pardon, de l’amour, et de la mettre en pratique dans notre vie.

C’est pourquoi, au cœur de l’eucharistie, nous prions Dieu qu’il nous pardonne comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Non pas parce que notre pardon serait la mesure du pardon de Dieu, mais parce que le pardon de Dieu et la mesure de notre pardon, c’est notre espérance.

Dieu est plus grand que notre cœur. Là où le péché abonde, la grâce surabonde. Là où nous avons fait du mal, Dieu peut faire surgir du bien si nous acceptons nous aussi de donner à nos frères le pardon que nous avons reçu. Amen.

Groupe de jeunes en plein Air

19 septembre 2023

 

Évangile de Jésus Christ
selon saint Matthieu (Mt 18, 21-35)

En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.’ Saisi de compassion, le maître de ce serviteurle laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘Rembourse ta dette !’ Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai.’ Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.

Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ‘Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.  Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’  Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Source : AELF
Image : Evangile et Peinture


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